"Si les Américains acceptent de commencer les négociations, je pense que nous pourrons aller assez vite", a assuré la commissaire au Commerce, la suédoise Cecilia Malmström, chargée de négocier au nom des 28.
La France a voté contre l'ouverture de ces négociations lors d'une réunion des ministres de l'Agriculture de l'UE à Luxembourg, mais son opposition a été sans effet, car les décisions en matière commerciale se prennent dans l'UE à la majorité qualifiée, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources européennes.
Le vote a porté sur le mandat accordé à la Commission européenne chargée de négocier au nom de l'UE.
La position de Paris a été jugée "incompréhensible", car ses partenaires ont accepté toutes ses demandes pour le mandat: l'abandon du très controversé projet de TTIP (Traité de libre échange transatlantique) dont la négociation a été suspendue en 2016; une étude d'impact sur les conséquences des différences de règlementations environnementales entre les Etats-Unis et l'UE et la possibilité de protéger certains produits de la pêche, domaine non agricole pour l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), a souligné une des sources.
La France a décidé de voter contre l'ouverture de négociations avec Washington pour des raisons de principe, car le président Emmanuel Macron ne veut pas négocier un accord commercial avec un pays qui a décidé en juin 2017 de quitter l'accord sur le Climat, pourtant approuvé par les Etats-Unis et 194 pays en décembre 2015 lors de la Conférence de Paris, a-t-on affirmé de source française. "C'est un choix très politique", a-t-on souligné.
La Commission européenne compte commencer à discuter avec Washington "dès que possible", a affirmé Cecilia Malmström. L'espoir est de parvenir à un accord avant la fin du mandat de l'exécutif bruxellois, c'est-à-dire le 31 octobre 2019.
"On va voir si les Etats-Unis adoptent un mandat de négociation", a confié à l'AFP le représentant d'un Etat membre.
"Nous allons les contacter aujourd'hui et voir quand nous pourrons nous rencontrer. Je n'ai pas de date à donner. La décision est entre leurs mains. Nous, nous sommes prêts", a expliqué la négociatrice.
L'agriculture, "ligne rouge"
L'UE a posé plusieurs conditions difficiles à accepter pour l'administration américaine. Le futur accord doit être limité aux biens industriels. Il ne doit pas inclure l'agriculture, les services ou les marchés publics.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'y est engagé et Cecilia Malmström a confirmé que "l'agriculture ne fera pas partie des négociations".
"C'est une ligne rouge" pour l'Europe, a-t-elle insisté. Or, les Etats-Unis ne voudront pas négocier s'il n'y a pas l'agriculture, a averti un négociateur européen.
Les Européens demandent en outre que les Etats-Unis renoncent à taxer les automobiles européennes, un secteur très sensible pour l'Allemagne. "C'est la motivation principale de l'ouverture des négociations", a assuré à l'AFP un responsable européen. La décision doit être prise à Washington avant le 18 mai, date de l'échéance pour imposer de telles sanctions.
Le mandat prévoit que si les Etats-Unis n'ont pas retiré les sanctions imposées en juin 2018 sur les importations européennes d'acier et d'aluminium d'ici la fin de la négociation, l'accord commercial ne sera pas conclu, comme le demandait la France.
Si les négociations vont à leur terme, Bruxelles anticipe une augmentation des échanges transatlantiques d'un peu moins de 10% d'ici 2033 dans les secteurs concernés, ce qui correspond à 53 milliards d'euros.
L'UE applique en moyenne des droits de douane de 4,3% sur les biens industriels en provenance des Etats-Unis. Washington impose, à l'inverse, un taux moyen de 3,8%.
L'objectif des négociateurs est de ramener à zéro tous les taux, déjà très bas sur la plupart des secteurs concernés.
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