Plus de 190 millions d'électeurs doivent choisir entre deux candidats à la présidentielle mais aussi entre 245.000 candidats qui se présentent pour un siège aux parlements national et locaux dans le vaste archipel de 17.000 îles.
Il s'agit de la plus grande élection jamais organisée dans le pays qui compte la plus importante population musulmane au monde.
Le président sortant Joko Widodo qui espère profiter d'un boom des infrastructures orchestré pendant son mandat et de la bonne santé de la principale économie d'Asie du Sud-Est, est en tête des sondages.
Le président aux origines modestes, qui faisait figure d'outsider quand il a été élu en 2014, fait face à Prabowo Subianto, un ex-général lié au régime de Suharto, le même adversaire que lors du précédent scrutin il y a quatre ans.
En cas de défaite, l'opposition a déjà prévenu qu'elle pourrait contester les résultats à cause d'irrégularités constatées sur les listes électorales, voire faire descendre ses partisans dans la rue.
"Il y a un grand enjeu dans cette élection", souligne Evan Laksmana, chercheur au Centre d'études stratégiques et internationales de Jakarta.
Il pointe aussi un possible recul de la démocratie en cas d'élection de l'ancien général. "Nous ne savons pas ce que (Subianto) fera s'il gagne et que les contraintes institutionnelles le limiteraient".
encre certifiée halal
Les premiers électeurs commenceront à voter mercredi à 7H00 locales (22H00 GMT mardi) dans la province de Papouasie à l'est du pays et les derniers à 13H00 à Sumatra à l'extrémité ouest.
Plus de 800.000 bureaux de vote ont été déployés dans le vaste archipel parsemé de volcans, de la jungle de Sumatra, en passant par Java, l'île la plus densément peuplée jusqu'à l'île isolée de Sumbawa.
Les citoyens doivent percer des trous dans les bulletins pour choisir leurs candidats puis tremper leur doigt dans de l'encre certifiée halal, afin d'empêcher que des électeurs se prononcent deux fois.
De premières estimations publiées dans la journée devraient donner une indication sur le vainqueur de la présidentielle, alors que les résultats officiels ne seront publiés qu'en mai.
La plupart des sondages accordaient une avance d'une dizaine de points de pourcentage à Jokowi, 57 ans, face à Prabowo Subianto, 67 ans. Il y a quatre ans le président sortant avait remporté le scrutin de justesse et un recours devant la justice avaient été rejeté.
Cette année la campagne a été marquée par des attaques virulentes des deux camps qui ont multiplié les efforts pour séduire convaincre l'électorat musulman conservateur.
Mais la multiplication des infox sur les réseaux sociaux pourrait aussi avoir eu un impact sur les électeurs.
pragmatisme envers l'islamisme
Joko Widodo a fait campagne sur son bilan de construction de routes, d'aéroports et d'autres infrastructures, dont la première ligne de métro de Jakarta ouverte opportunément en mars.
Mais son action sur les droits de l'homme est moins convaincante, soulignent les ONG qui dénoncent une augmentation des discriminations contre les minorités religieuses, ethniques, et la communauté LGBT, alors que les groupes islamiques conservateurs gagnent en influence.
Jokowi "a choisi le pragmatisme plutôt que les principes sur la question de l'islamisme et du pluralisme", note Dave McRae, professeur à l'Université de Melbourne.
Le président, un musulman pratiquant qui défend la diversité du pays dans ses discours, a néanmoins choisi le prédicateur islamiste conservateur Ma'ruf Amin pour être son candidat à la vice-présidence. Une stratégie destinée à donner des gages l'électorat musulman conservateur, mais qui inquiète les plus progressistes.
Le candidat à la vice-présidence de 75 ans, président du Conseil des oulémas, la plus haute instance religieuse en Indonésie, "a un historique d'opinions très conservatrices", souligne Kevin O'Rourke, un analyste sur le risque politique en Indonésie.
L'ancien général Prabowo Subianto a lui choisi un homme d'affaires très énergique de 49 ans, Sandiaga Uno, pour sa campagne empreinte de nationalisme.
Il s'est rapproché des groupes islamiques les plus radicaux et a promu une hausse des dépenses de défense et de sécurité. Sur le plan économique il vante une politique protectionniste "Indonesia first" inspirée de Donald Trump et a promis de remettre en cause des milliards de dollars d'investissements chinois dans le pays.
Les ambitions du candidat d'opposition ont longtemps été handicapées par ses liens avec le régime du dictateur Suharto, dont il a été le beau-fils et par son passé militaire controversé.
Il a ordonné l'enlèvement d'activistes pro-démocratie à la chute du régime de Suharto en 1998 et a été accusé de graves abus pendant le conflit au Timor oriental.
Pour de nombreux Indonésiens, le plus important est cependant une transition pacifique, quel que soit le vainqueur. "J'espère qu'il n'y aura pas d'hostilités (...) quel que soit le nouveau président", note Untung Sri Rejeki, un électeur de 53 ans.
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