L'actuelle exposition du centre photographique à Rouen (Seine-Maritime) rassemble des œuvres de photographes et plasticiens inspirés par la science mais abordées sous l'angle de la fiction. Ces démarches diverses questionnent les modes de représentations standardisées mises en place par les scientifiques et questionnent le réel, entretenant chez le spectateur un doute permanent.
Tromper le spectateur
Le Suisse Nicolas Polli se distingue par son projet baptisé Ferox. Mené de 1976 à 2018, Ferox s'apparente à une mission spatiale : il s'agit de démontrer la présence d'eau sur une météorite pour bien entendu asseoir la théorie de la vie extraterrestre. L'artiste respecte le protocole scientifique et publie un livre sur cette pseudo-mission mais alimente également un site internet de documents hyperréalistes. Cette supercherie revisite l'esthétique de la Nasa et du CERN mais emprunte aussi à la science ses procédés d'études et son vocabulaire ce qui crée immanquablement le trouble chez le spectateur.
Dans le même esprit, Jan Köchermann s'inspire des travaux farfelus du physicien Hubertus M. Frassek réalisés en 1967 en RDA. Il prétendait pouvoir collecter de minuscules trous noirs dans notre environnement avec un véhicule équipé baptisé le Raum-Sammler. L'artiste reconstruit à l'échelle 1 ce véhicule, crée également des maquettes puis filme en super 8 le véhicule en campagne d'exploration en 2016-2018. Le matériel scientifique obsolète contribue à faire de ce film une référence à la science-fiction telle qu'elle fut traitée dans les séries B.
Techniques nouvelles et avant-garde
La science sert aussi l'art dans la mesure où la photographie va se nourrir des découvertes scientifiques et des méthodes instaurées par les sciences. Parmi les artistes présentées, Bérénice Abbott est une photographe américaine pionnière dont les mises en scène photographiques rappellent les expérimentations scientifiques. Fascinée par la science, la photographe s'investit de nombreuses années en tant qu'illustratrice des articles scientifiques publiés dans Science illustrated qui vise à démocratiser la recherche de pointe.
Ces photographies ayant un rôle documentaire et visant à illustrer des expériences sont finalement des images abstraites dont l'esthétique se suffit à elle-même. Cette abstraction fait également son apparition dans la série Phénomènes de Marine Gardonneix dans laquelle la photographe documente des expériences. Mais sans la présence des légendes et parce qu'elle se joue des échelles, elle entretient volontairement la confusion. Le mystère plane sur ces photographies qui ont finalement perdu leur sens.
Jusqu'au 11 mai 2019 au centre photographique de Rouen. Entrée libre. Tél. 02 35 89 36 96
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