Le parcours de cette expo, qui se tiendra jusqu'au 11 août 2019, se découpe en quatre sections : "Man and Woman Machine" où sont mis en avant les artistes visionnaires, et leurs innovations technologiques; "Dancefloor" lieu de communions où bat le cœur de l'électro; "Mix & Remix" qui met en exergue la science des DJs; enfin "Imaginaires et Utopie" où on retrouve des esthétiques constitutives de la culture électro et sa portée politique.
"L'idée n'était pas de faire une expo historique, mais une expo qui met en avant les codes et la philosophie qui traversent les mouvements de cette esthétique musicale", plaide son commissaire Jean-Yves Leloup, journaliste spécialiste du mouvement.
De ce point de vue, "Electro" évite l'écueil du didactisme soporifique, pour mieux éveiller les sens.
Logiquement, l'ouïe d'abord, avec en fil rouge, la playlist de Laurent Garnier qui a concocté pas moins de 11 mixes retraçant l'histoire de la dance music électronique, à travers ses courants et ses villes-phares. Ainsi peut-on entendre de la disco, de l'électro allemande, française, de la house de Detroit, de la techno futuriste ou encore le "Second summer of love" de la fin des années 80 en Angleterre, précurseur des rave parties, durant lesquelles le Français fit ses premières armes à l'Hacienda de Manchester.
La vue ensuite, avec des projections de films et clips, dont ceux fascinants en 3D réalisés par le groupe pionnier Kraftwerk, qui a droit à sa petite pièce au son spatialisé, en attendant les trois concerts que donnera le quatuor de Düsseldorf les 11, 12, 13 juillet dans la grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie, au festival Days Off.
- Visite sensorielle -
De nombreuses photographies de danseurs des quatre coins du monde (New York, Rio, Goa, Paris, Moscou...) à des époques différentes, des vidéos saisissantes de deux DJ's en action, Jeff Mills et Richie Hawtin, filmés en plongée afin de voir et comprendre leurs gestes en action, ou encore l'installation en réalité virtuelle imaginée par Molecule pour son album "-22,7°" méritent également qu'on s'y arrête.
Mais un dispositif s'avère particulièrement hypnotique pour la rétine, baptisé "Core" et créé par les artistes de 1024 architecture, par ailleurs responsables de la scénographie urbaine de l'expo. Cette impressionnante installation lumineuse comprend des dizaines de filins de diodes qui s'illuminent avec des couleurs et des formes géométriques variées en réagissant à la musique.
"On ne l'a pas imaginé comme un dancefloor, mais en tout cas certaines personnes vont probablement rester un moment devant ce dispositif", prédit Jean-Yves Leloup, amusé de voir un enfant de cinq ans, présent lors de la visite réservée à la presse être aussitôt happé sans décrocher.
"Electro" propose également une étonnante expérience sensorielle avec l'installation du collectif sonore britannique Soundwalk Collective, qui recompose des vibrations du temple berlinois de la techno Berghain, captées et recomposées en des mélopées pulsées avec de grosses basses. Une reproduction en liège du plus célèbre club du monde est également à découvrir.
Enfin, après avoir (re)découvert certains documents d'époque tels cet article de L'Humanité de 1993 débutant ainsi: "C'est une musique hallucinante récupérant des sonorités extrêmes (...) Composée sous ecstasy et LSD", le dernier temps fort de l'exposition est l'œuvre de Daft Punk dont l'installation vise à recréer une scène du clip de leur titre "Technologic", chanté a capella par un robot.
"Certaines personnes ressentiront peut-être une nostalgie, mais il ne s'agissait pas de +muséifier+ la musique. On montre une culture qui a des racines, une histoire mais qui continue à vivre, à avancer", résume Jean-Yves Leloup.
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