Le premier délai accordé par l'UE à Theresa May, du 29 mars au 12 avril, n'a pas porté ses fruits: le Royaume-Uni n'est toujours pas en position de ratifier le traité de retrait négocié entre Bruxelles et Londres.
La Première ministre Theresa May a dans une lettre aux 27 demandé jusqu'au 30 juin pour tenter de rallier les députés britanniques, qui ont déjà rejeté le texte par trois fois.
De source diplomatique, le projet de conclusions du sommet ne mentionnait pas de date, laissée en blanc, mardi soir.
Le constat à Bruxelles est clair: "notre expérience jusqu'à présent, ainsi que les profondes divisions au sein de la Chambre des Communes, nous donnent peu de raisons de croire que le processus de ratification pourra être achevé d'ici à la fin juin", écrit le président du Conseil européen Donald Tusk dans sa lettre d'invitation au sommet.
Il rencontrera Mme May en tête à tête juste avant l'ouverture, mercredi vers 17H30 (15H30 GMT).
Redoutant un "Brexit sans accord accidentel" et soucieux d'éviter des "sommets Brexit à répétition", le Polonais avance l'idée d'une "prolongation flexible, qui ne durerait que le temps nécessaire et pas plus d'un an". Elle pourrait ainsi être interrompue dès ratification de l'accord de retrait par les deux parties.
L'idée de M. Tusk a trouvé un certain écho du côté de Berlin, où Mme May est venue mardi à la veille du sommet plaider sa cause auprès de la chancelière allemande Angela Merkel.
Un report "jusqu'à début 2020" ?
Cette dernière a jugé, lors d'une rencontre qui a suivi avec des membres de son parti, qu'un report "jusqu'à début 2020" est possible, selon des propos rapportés par un participant.
Dans la foulée, Mme May s'est rendue à Paris. A la tête du camp des partisans d'une plus grande fermeté, inquiets à l'idée que le Royaume-Uni perturbe le fonctionnement de l'UE de l'intérieur, la France, si elle n'est "pas opposée" à un report du Brexit, estime qu'un délai d'un an "paraît trop long", selon l'Elysée.
Paris "n'est pas fermé à construire une autre solution" que le "no deal", mais "avec certaines limites et pas à tout prix", a précisé la présidence avant la rencontre entre Emmanuel Macron et Theresa May.
"La France sera très ferme" et "plus la période (d'extension) sera longue, plus les garanties devront être sérieuses" afin de "ne pas mettre en danger le fonctionnement de l'UE", selon l'Elysée.
Il faudrait par exemple que le Royaume-Uni s'engage à ne pas perturber certains gros dossiers en cours de discussion à Bruxelles, comme l'élaboration du budget de l'UE pour la période 2021-2027.
Downing Street a répété dans la journée que Mme May se concentrait sur la date du 30 juin, tout en insistant que Londres souhaitait garder l'option de partir le 22 mai afin d'éviter les élections européennes (du 23 mai au 26 mai).
Pour la première fois, dans son courrier aux 27, la Première ministre avait reconnu l'obligation du Royaume-Uni d'organiser le scrutin si le pays n'était pas parti d'ici là.
La durée d'un éventuel report "doit être proportionnelle à l'objectif que doit servir cette extension", a souligné le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier, lors d'une réunion avec des ministres de l'UE mardi en préparation du sommet.
"Et ça dépend de ce que Mme May dira demain", a-t-il dit.
"Le 'no deal' ne sera jamais la décision de l'UE, ce sera toujours la responsabilité du Royaume-Uni de nous dire ce qu'il veut", a insisté M. Barnier devant la presse, tandis qu'Angela Merkel a assuré que "l'UE ne veut pas pousser les Britanniques vers un Brexit désordonné".
Mme May s'appuie sur un nouvel élément pour plaider sa cause: des pourparlers entre le gouvernement et l'opposition britanniques, dans l'espoir de trouver un compromis.
"Nous avons exprimé tous une attente et un espoir à propos de cette négociation", a souligné Michel Barnier.
Un peu plus tard à Londres, le gouvernement britannique annonçait que ces discussions reprendraient après le sommet de mercredi, signifiant qu'elles n'avaient toujours pas abouti.
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