"On avait un rendez-vous à 10H00 qui a été annulé 20 minutes avant avec le motif de la trop grosse ampleur médiatique que ça a pris", a expliqué Éric Drouet à la presse avant d'avancer une autre hypothèse: "On ne peut pas dire encore si c'est ma présence ou pas qui dérange ou si c'est cette réunion-là en elle-même qui dérange au gouvernement".
Comme lui, Me Philippe de Veulle, cofondateur du collectif "Robes noires et gilets jaunes", qui faisait partie de la délégation, a souligné "des motifs politiques de haut niveau, des interférences".
Au Sénat, la présidente de la commission spéciale sur le projet de loi Pacte Catherine Fournier (centriste), qui devait rencontrer cette délégation, a mis en avant le "risque de trouble à l'ordre public" après la médiatisation de la réunion par Éric Drouet.
Peu avant, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait fait part de son "étonnement" concernant cette invitation au Sénat l'estimant "pas responsable".
La demande de rencontre avait été formulée il y a une quinzaine de jours à la présidence du Sénat, a précisé la sénatrice à l'AFP, sans qu'il soit question de la présence de M. Drouet.
Il a été condamné fin mars à une amende pour des manifestations non déclarées et doit encore être jugé pour port d'arme prohibé, un bâton, lors d'une manifestation.
L'objectif de cette rencontre était de "discuter et de voir comment annuler la vente d'ADP", a expliqué Éric Drouet, venu manifester avec une cinquantaine de personnes devant le Sénat dans l'après-midi.
Parmi eux, Emmanuel, "gilet jaune" de 63 ans, venu dénoncer la vente de "bijoux de famille", qui sont "bradés par le gouvernement".
Des parlementaires notamment socialistes, communistes et de droite (LR) ont annoncé mardi avoir recueilli les 185 signatures d'élus nécessaires à un possible référendum d'initiative partagée (RIP) contre cette privatisation.
Cette proposition parlementaire doit désormais être validée par le Conseil constitutionnel et signée par 4,5 millions de citoyens, pour organiser le référendum.
"Le gouvernement nous dit de nous taire"
Jérôme Rodrigues, une autre figure du mouvement, trouve "regrettable" l'annulation de ce rendez-vous "d'échange démocratique". "C'est le schéma classique d'un gouvernement qui nous dit de nous taire", ajoute-t-il auprès de l'AFP.
Les sénateurs ont réfuté toute pression du gouvernement. "Le Sénat n'a jamais travaillé sur intimidation ou sur pression", a affirmé Catherine Fournier. Reconnaissant avoir reçu un appel du ministre de l'Economie, elle a souligné que "ce n'est pas ce qui a finalement déclenché la décision".
L'annulation "n'a rien à voir avec l'exécutif, sous aucune forme", a pour sa part assuré sur LCI la secrétaire d'Etat Emmanuelle Wargon.
"Le Sénat est une maison commune. Il doit rester ouvert à tous les citoyens. On peut penser ce qu'on veut d'Eric Drouet. Mais lui fermer la porte est absurde", a pour sa part tweeté la sénatrice écologiste Esther Benbassa. Elle avait reçu une dizaine de "gilets jaunes" début décembre au Sénat.
Le Sénat a rejeté mardi après-midi, sans même débattre, le projet de loi Pacte en nouvelle lecture. En première lecture, le Sénat s'était opposé à plusieurs mesures phare du texte, notamment la privatisation d'ADP et de la Française des jeux. Le texte doit être adopté définitivement par le Parlement jeudi, via un ultime vote de l'Assemblée nationale.
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