L'expansion de l'économie mondiale devrait atteindre 3,3% soit une baisse de 0,2 point comparé aux prévisions de janvier et de 0,4 point en moins par rapport à celles d'octobre, a annoncé mardi le Fonds monétaire international (FMI) après les 3,6% réalisés en 2018.
La liste des pays et régions dont la prévision de croissance a été abaissée est longue: Etats-Unis, zone euro, Royaume-Uni, Japon, Canada, Amérique latine, Moyen-Orient, etc. Le ralentissement est désormais synchronisé affectant "70% de l'économie mondiale", a précisé la chef économiste du FMI, Gita Gopinath dans un blog.
Aux Etats-Unis où la croissance devrait tomber à 2,3% (-0,2 point) après 2,9% l'an passé, l'institution constate que les effets des mesures pour stimuler l'économie s'estompent tandis que les dépenses budgétaires sont moins importantes que prévu.
En zone euro, la confiance des ménages et des entreprises s'est érodée. L'Allemagne, dont la croissance pourrait perdre 0,5 point à 0,8%, voit la production de son secteur automobile fortement perturbée par de nouvelles normes d'émissions polluantes. En Italie, où la croissance pourrait tomber à 0,1% (-0,5 point), les investissements ont chuté.
Le Royaume-Uni est, lui, confronté à sa difficile sortie de l'Union européenne. Son économie devrait tomber à 1,2% (-0,3 point).
En Amérique latine, la croissance de la deuxième économie, le Mexique, a été fortement abaissée (-0,5 point) pour tomber à 1,6%, "reflétant les changements dans la perception de la politique" du nouveau gouvernement, note le FMI.
L'Argentine, autre économie majeure de la région ayant obtenu un programme d'aide financier du FMI, va rester en récession au premier semestre avant une reprise attendue au second semestre grâce notamment à un rebond de la production agricole.
Le Venezuela, ravagé par une crise politique et économique, continue de s'enfoncer dans la récession qui pourrait atteindre -10% en 2020, "un poids important pour la région", reconnaît le FMI.
"Délicat"
Du côté des éléments positifs, l'institution de Washington relève les mesures annoncées par les autorités chinoises pour stimuler leur économie, ce qui devrait se traduire par une croissance légèrement plus forte qu'anticipé en janvier à 6,3% (+0,1 point).
Surtout, les Etats-Unis et la Chine observent une trêve commerciale depuis début décembre qui a conduit Pékin à lever certaines surtaxes douanières sur l'automobile américaine et l'administration Trump à ne pas augmenter le 1er mars ses taxes douanières sur 200 milliards d'importations chinoises.
Par ailleurs, se félicite le FMI, un certain nombre de banques centrales, à commencer par la Réserve fédérale américaine (Fed), ont marqué une pause salutaire dans la hausse des taux d'intérêt.
Ces éléments fondent l'optimisme du FMI pour 2020: la croissance mondiale pourrait rebondir à 3,6%.
"La croissance mondiale est à un moment délicat", estime pourtant la chef économiste du FMI Gita Gopinath dans un blog reprenant mot pour mot les propos de la directrice générale Christine Lagarde la semaine dernière.
Car pour l'heure, les Etats-Unis et la Chine ne sont toujours pas parvenus à signer un accord commercial mettant fin à leur conflit. Les récentes mesures de stimulation de l'économie chinoise doivent en outre faire la preuve de leur efficacité et la reprise économique dans des pays tels que l'Argentine et la Turquie doit se matérialiser.
Ailleurs en Europe, une récession en Italie n'est pas exclue, ce qui ralentirait encore davantage toute la région. Et le Brexit "dur", c'est à dire sans accord avec l'Union européenne, serait lourd de conséquences.
Le moment est d'autant plus délicat que la croissance mondiale se heurte aussi aux tensions géopolitiques au Moyen-Orient, souligne le FMI relevant les sanctions américaines en Iran, les tensions civiles et les conflits en Syrie et au Yémen.
Si le FMI ne voit pas de récession mondiale à court terme, "de nombreuses économies ne sont pas assez résilientes", a mis en garde Christine Lagarde, exhortant les pays à se préparer à la prochaine récession en érigeant les barrières de protection et en adoptant les réformes nécessaires pendant que l'économie se porte encore relativement bien.
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