Quelque 6,3 millions d'électeurs sont appelés à se rendre dans les écoles, les mairies ou les casernes pour choisir jusqu'à 22H00 locales (19H00 GMT) les 120 députés qui les représenteront à la Knesset.
Le pays retiendra son souffle à la fermeture des bureaux de vote quand seront publiés les premiers sondages. L'issue aura été incertaine jusqu'au bout entre les listes des deux Benjamin: le Likoud (droite) de "Bibi" Netanyahu et l'alliance Bleu-blanc (centre droit) de "Benny" Gantz.
D'un côté, M. Netanyahu, 69 ans, dont plus de 13 années passées au pouvoir à mener les opérations militaires de son pays et à parler d'égal à égal aux grands de ce monde.
Il est en quête d'un cinquième mandat et peut-être d'un record de longévité, qu'il ravirait en juillet à l'historique David Ben Gourion, si le président Reuven Rivlin, au vu de la composition du parlement, lui confiait la tâche de former le prochain gouvernement.
M. Netanyahu s'est rendu lundi soir au mur des Lamentations à Jérusalem pour s'y recueillir.
Face à lui, son principal challenger, Benny Gantz, 59 ans, ancien parachutiste, ancien commandant d'une unité de forces spéciales et ancien chef d'état-major.
M. Gantz n'était pas encore entré en politique il y a moins de six mois.
Faute de faire apparaître des différences de programme significatives, le scrutin a toutes les allures d'un référendum sur la personne de M. Netanyahu, adoré des uns, détesté des autres, et ne laissant personne indifférent.
Proximité avec Trump
Pour M. Gantz, il s'agit avant tout de mettre fin aux années de divisions et de corruption incarnées par le Premier ministre sortant. Pour M. Netanyahu lui-même, personne mieux que lui ne garantit la sécurité et la prospérité de son pays.
La victoire lui semblait assurée quand, en décembre, il a provoqué ces élections anticipées avant l'échéance de novembre 2019. L'initiative a été largement interprétée comme une manoeuvre de plus de la part de cet homme réputé maître stratège, afin de revendiquer une fraîche victoire électorale face aux menaces d'inculpation.
Depuis, M. Gantz s'est lancé, et a construit une liste solide avec, aux cinq premières places, trois anciens commandants des armées, un ancien ministre des Finances et l'ancien chef de la centrale syndicale nationale.
Et, en février, le procureur général a annoncé son intention d'inculper M. Netanyahu pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires de dons reçus de la part de milliardaires, d'échanges de bons procédés entre gouvernants et patrons, et de tentatives de collusion avec la presse.
Les derniers sondages autorisés mettaient vendredi le Likoud et Bleu-blanc au coude-à-coude. Mais, avec une trentaine de sièges prédits à chacun, l'un et l'autre restaient loin de la majorité absolue (61 sur 120) et devraient s'allier à d'autres formations pour gouverner.
Les projections de résultats des autres listes suggèrent que M. Netanyahu aurait alors l'avantage pour former une coalition. Une quarantaine de listes en tout sont en compétition.
Mais tous les experts ont mis en garde contre la faillibilité des enquêtes d'opinion.
Au cours des derniers jours d'une campagne acrimonieuse où le Likoud aura lâché un feu roulant d'attaques contre M. Gantz, M. Netanyahu aura continué à se prévaloir de ses réussites diplomatiques et de sa proximité avec le président Donald Trump.
Qui d'autre?
En pleine campagne, ce dernier a fait ce qui a été largement considéré comme un cadeau à M. Netanyahu en reconnaissant la souveraineté israélienne sur la partie du Golan syrien annexée par l'Etat hébreu.
Qui d'autre, en Israël, "est capable (d'obtenir) ça ?", demandait-il dimanche au site d'informations Arutz Sheva, "qui peut parler au reste du monde ? Qui peut parler au Congrès américain? Qui peut entraîner l'opinion publique dans une telle direction?"
Comme en 2015, dans ce qui ressemble fort à un appel du pied à l'électorat de droite, il a sorti une surprise de dernière minute en se disant prêt, au mépris d'un large consensus international, à annexer les colonies israéliennes de Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis plus de cinquante ans par Israël.
Chef d'une coalition gouvernementale réputée la plus à droite de l'histoire d'Israël, M. Netanyahu pourrait rempiler à la tête d'une coalition encore plus droitière.
La grande question de ces élections est de savoir s'il aura réussi à convaincre les électeurs de fermer les yeux sur la suspicion et l'opportunisme associés à son nom, et sur une rhétorique volontiers décriée comme anti-arabe.
"Il y a un besoin de changement et une chance de changement", disait M. Gantz lundi, "Israël doit choisir la voie de l'unité, du lien et de l'espoir, ou celle de l'extrême."
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