La Haute Assemblée avait saisi en mars la justice car elle soupçonnait de faux témoignages l'ex-collaborateur du président, Alexandre Benalla, l'ancien employé de LREM Vincent Crase et le directeur de cabinet du chef de l'Etat Patrick Strzoda.
C'est ce dernier qui avait autorisé M. Benalla à accompagner la police à la manifestation du 1er mai 2018 à Paris, lors de laquelle il est accusé, avec M. Crase, d'avoir brutalisé des manifestants.
Ces faits, révélés le 18 juillet par Le Monde, ont constitué le point de départ d'une affaire qui empoisonne depuis l'exécutif et qui a conduit le Sénat à créer une commission d'enquête parlementaire.
Dans son signalement, le bureau de la Haute Assemblée, dominée par l'opposition de droite, avait aussi relevé des "incohérences" et "contradictions" dans des déclarations faites par M. Strzoda et deux autres collaborateurs du chef de l'Etat: son bras droit, le secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler, et le général Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité de la présidence (GSPR).
Le faux témoignage est passible de cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. L'enquête sur ce volet a été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).
La seconde enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), a été ouverte car M. Benalla est soupçonné d'avoir manqué à ses obligations déclaratives auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, a précisé le parquet dans son communiqué.
"C'est dans l'ordre des choses: la justice fait son travail en toute indépendance", a réagi le co-rapporteur de la commission d'enquête sénatoriale Jean-Pierre Sueur (PS), sollicité par l'AFP.
Du côté du gouvernement, la porte-parole Sibeth Ndiaye y a également vu "le cours normal des choses". "On verra ce que ça donnera, cela ne présage en rien de la matérialité des faits", a-t-elle commenté sur France Info.
"Procès politique"
Le signalement du Sénat avait été vécu comme une déclaration de guerre par le gouvernement et dans les rangs du parti présidentiel qui a dénoncé un "procès politique".
Fait rarissime, inédit depuis Lionel Jospin en 1998, le Premier ministre Édouard Philippe avait même boudé la séance des questions au gouvernement au Sénat.
Le président LREM de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, avait lui boycotté une conférence commune avec son homologue du Sénat Gérard Larcher, en regrettant "une agressivité inédite envers l'exécutif qui altère le climat de confiance pour travailler ensemble sur les grands sujets qui concernent notre pays".
Dans cette affaire aux nombreuses ramifications, M. Benalla avait d'abord été mis en examen le 22 juillet, notamment pour des "violences en réunion", place de la Contrescarpe, dans le Ve arrondissement de la capitale.
Il a écopé ensuite de nouvelles mises en examen pour d'autres faits de violences en marge du défilé parisien du 1er-Mai, un port d'arme non autorisé sur un selfie révélé en septembre par Mediapart ou encore un usage abusif de ses passeports diplimatiques.
Dans ce dernier volet, trois collaborateurs du chef de l'État sont convoqués mercredi devant les juges chargés de l'affaire.
MM. Kohler et Strzoda le sont en tant que témoins tandis que François-Xavier Lauch, le chef de cabinet, l'est comme partie civile.
Au coeur des interrogations : les raisons et les conditions ayant permis à M. Benalla d'utiliser jusqu'en décembre des passeports diplomatiques qu'il était censé avoir rendus alors qu'il avait été licencié fin juillet par la présidence.
M. Lauch doit être entendu en tant que partie civile car il a déposé une plainte contre M. Benalla dont il était le supérieur, pour "usage de faux" afin de se procurer ses passeports de service.
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