L'armée, elle, n'est pas intervenue pour tenter de disperser les rassemblements qui ont lieu jour et nuit devant son quartier général depuis samedi, ont affirmé des témoins.
Depuis le début de la contestation en décembre, l'armée ne s'est pas immiscée dans la répression, menée par le puissant service de renseignement (NISS) et les forces de police anti-émeute.
Samedi, les organisateurs de la contestation ont dit "espérer que (l'armée) prenne position pour le peuple".
Des véhicules transportant des forces de sécurité ont pris position très tôt lundi près du quartier général de l'armée et ont tiré du gaz lacrymogène sur les manifestants, selon des témoins.
Des personnes résidant dans un quartier de Khartoum situé à cinq kilomètres de ce complexe abritant le siège de l'armée et le ministère de la Défense, non loin de la résidence du président, ont confirmé avoir senti l'odeur de ces gaz lacrymogènes.
Quelques heures plus tard, les forces de sécurité ont à nouveau utilisé, sans succès, des gaz lacrymogène pour tenter de disperser la manifestation, selon des témoins.
Les organisateurs de la contestation ont appelé dans un communiqué les habitants de la capitale et des environs à se joindre aux manifestants.
"Les forces de sécurité du régime tentent de disperser le sit-in par la force", a indiqué l'Alliance pour le changement et la liberté dans son communiqué.
Des milliers d'hommes et de femmes tiennent depuis samedi le plus grand rassemblement jamais organisé depuis le début de la contestation en décembre, certains parvenant à atteindre le QG de l'armée pour la première fois.
Lors de précédents rassemblements, les protestataires avaient tenté à plusieurs reprises de marcher vers des lieux symboliques du pouvoir, comme le palais présidentiel, mais en avaient souvent été empêchés par les gaz lacrymogènes tirés par les forces de sécurité.
Déclenchées le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, les manifestations se sont rapidement transformées en mouvement de contestation contre M. Béchir, à la tête d'un pays en proie à une crise économique.
Celui-ci a refusé de démissionner et fait face à son plus grand défi depuis son arrivée au pouvoir, estiment des experts. Après avoir tenté de réprimer la contestation par la force, il a instauré l'état d'urgence dans tout le pays le 22 février. La mobilisation avait depuis nettement baissé avant la journée de samedi.
Depuis le début du mouvement, 32 personnes sont décédées, selon les autorités. Human Rights Watch (HRW) a évoqué le chiffre d'au moins 51 morts.
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