La direction du constructeur automobile s'était empressée de destituer M. Ghosn en tant que président du conseil d'administration juste après son arrestation initiale le 19 novembre, mais il faut l'aval des actionnaires pour le démettre de son poste d'administrateur.
Cette assemblée générale extraordinaire s'est ouverte à 10h00 (01h00 GMT) par les "regrets" du patron exécutif, Hiroto Saikawa, et une longue révérence d'excuses de l'ensemble de l'équipe, selon la tradition japonaise.
"Il s'est passé quatre mois depuis l'événement de novembre, Nissan est à un moment critique (...) pour tirer un trait" sur cet épisode "et franchir une nouvelle étape dans la réforme de gouvernance", a lancé M. Saikawa devant plusieurs milliers de participants.
Cet ancien fidèle de Carlos Ghosn a redit son "choc" quand il a pris connaissance des résultats de l'enquête interne de Nissan, qui a mis au jour les malversations présumées.
Critiqué pour ne pas avoir su stopper de tels agissements commis sur plusieurs années, M. Saikawa a reconnu "de sérieux problèmes" de gouvernance et a promis de passer la main une fois qu'il aurait "remis la compagnie sur la voie de la croissance".
Outre le renvoi de M. Ghosn, l'AG doit se prononcer sur celui de son ex-bras droit Greg Kelly, inculpé sur un volet de l'affaire, et entériner l'élection comme membre du conseil d'administration du président de Renault, Jean-Dominique Senard.
"Préoccupé par l'avenir de Nissan"
Avant le début de la réunion, des actionnaires ont dit leurs inquiétudes. "Si Nissan ne peut pas rebâtir sa gouvernance, il n'y aura pas de renaissance", a estimé auprès de l'AFP, l'un d'entre eux, Isamu Beppu, 77 ans.
Un autre a salué le rôle de Carlos Ghosn dans le redressement de Nissan, au bord de la faillite quand il est arrivé en 1999. "Cependant, quand la compagnie a renoué avec la stabilité, tout le monde a commencé à voir que quelque chose ne tournait pas rond. Il est devenu arrogant", a jugé Yasuo Kobayashi, 76 ans, ancien employé du groupe.
L'AG se déroule quelques jours après une nouvelle interpellation de l'ex-PDG de Renault-Nissan, qui se trouve donc réduit au silence alors qu'il avait annoncé une conférence de presse pour le 11 avril.
Avant d'être renvoyé dans la prison du quartier de Kosuge (nord de Tokyo) où il avait déjà passé plus de 100 jours, M. Ghosn n'a pas épargné Nissan, qui le voue désormais aux gémonies, le présentant comme un dictateur qui ne souffrait aucune objection.
Il s'est redit victime d'un "complot" orchestré par des dirigeants du groupe nippon qui voulaient, selon lui, empêcher un projet d'intégration plus poussée avec Renault. Une vidéo "désignant les responsables de ce qui lui est arrivé", selon son épouse Carole Ghosn, sera diffusée mardi.
"L'autre partie (de l'explication), c'est la détérioration de la performance de Nissan depuis deux ans", a souligné le magnat déchu de 65 ans lors d'un entretien accordé la semaine dernière à une télévision française.
"Je suis très préoccupé par la performance et l'avenir de Nissan", insiste-t-il.
Alliance consensuelle
L'ancien grand patron, déjà inculpé à trois reprises, est actuellement entendu par les enquêteurs du parquet de Tokyo sur des soupçons de détournement de fonds de Nissan.
Sa femme a, elle, quitté le Japon où les procureurs voulaient, selon des médias locaux, l'interroger.
Le constructeur français Renault a également transmis à la justice française des éléments lui paraissant suspects.
L'assemblée générale de lundi est l'occasion pour les deux alliés d'afficher devant les actionnaires leur entente retrouvée après des semaines de discorde, l'affaire Ghosn ayant réveillé des rancoeurs au sein de Nissan.
Sous la houlette de M. Senard, l'alliance a déjà décidé de faire table rase de la structure passée, jugée opaque, et mis en place le 12 mars un conseil opérationnel censé fonctionner sur la base du consensus entre ses trois membres, Renault, Nissan et Mitsubishi Motors.
Cette nouvelle instance tripartite doit se réunir pour la première fois ce vendredi à Paris.
Là aussi, Carlos Ghosn a fait entendre sa musique: "l'alliance, ce sont des gens qui se parlent et prennent des décisions qui sont de temps à temps difficiles (...) Si on dit +tout est consensuel+, je crains que cette alliance s'éteigne très très vite", a-t-il averti dans son entretien accordé à la télévision française.
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