Près de la moitié du gouvernement, les cinq "garants" du grand débat, des citoyens, représentants d'associations et partenaires sociaux, maires, et une centaine de directeurs d'administration seront réunis dans la matinée sous la verrière du Grand Palais à Paris pour cette synthèse baptisée "restitution", au surlendemain de l'"acte 21" des "gilets jaunes".
Quand le mouvement a enregistré samedi sa plus faible mobilisation, avec 22.300 participants selon l'Intérieur, le grand débat a "redonné" à la société française son "vrai visage", a jugé dimanche Sébastien Lecornu, un des deux ministres chargés de l'animer.
Plus de 1,5 million de personnes y ont participé directement d'après les comptages officiels: un tiers via le site dédié, un tiers dans les quelque 10.000 réunions locales, un tiers dans les 16.000 cahiers de doléances ou par courrier libre.
Aux quatre thèmes fixés par Emmanuel Macron dans sa lettre aux Français mi-janvier - écologie, impôts, services publics, démocratie - s'en sont ajoutés d'autres qui ont spontanément émergé dans la consultation: la santé, beaucoup, mais aussi les retraites ou encore la dépendance. D'autres sujets, comme l'immigration, sont eux restés en retrait.
Quand l'opposition fustige un "grand blabla" et un exercice biaisé par le gouvernement, le risque pour l'exécutif est d'apparaître comme celui qui ne retient que ce qui l'arrange.
La synthèse sera "représentative de la diversité des points de vue exprimés" dans le grand débat, a assuré Emmanuelle Wargon, l'autre ministre chargée du débat. "Toutes les analyses" seront mises en ligne en parallèle, en gage de "transparence".
Les organismes missionnés pour cette "restitution" (le sondeur OpinionWay, les cabinets Roland Berger, Res Publica et Missions Publiques) en donneront les résultats dans la matinée, avant un discours du Premier ministre à la mi-journée.
Les contributions font apparaître une demande "massive" de baisse d'impôts, avec une priorité accordée à la TVA puis l'impôt sur le revenu, selon une source gouvernementale. Le flou est beaucoup plus grand quant aux dépenses à baisser, même si les contributeurs avancent les pistes de la défense ou du logement.
ISF et RIC "dilués"?
Le rétablissement de l'ISF et l'instauration du référendum d'initiative citoyenne (RIC), réclamés dès les débuts du mouvement par les "gilets jaunes", se sont eux "progressivement dilués avec d'autres préoccupations", a ainsi affirmé M. Lecornu.
Lors de débats sans vote mardi devant l'Assemblée puis au Sénat mercredi, Edouard Philippe dira ensuite "ce que nous retenons, les thèmes que nous voulons privilégier, les orientations que nous fixons". Le Premier ministre a déjà promis des "solutions puissantes" et évoqué un travail à venir avec "les corps intermédiaires" et "les élus locaux".
Le verdict reviendra alors mi-avril à Emmanuel Macron, au terme d'un tour de France en 80 jours dont une centaine d'heures de débats. Les mesures pourront être distillées jusqu'à l'été.
Le président a promis de répondre sans "reniement" ni "entêtement" aux souhaits des Français, un "en même temps" qui maintient le flou.
La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a promis que "rien ne serait comme avant" à l'issue du grand débat, avec notamment une meilleure association des Français aux décisions. Mais le patron du PS Olivier Faure dit déjà s'attendre à "un approfondissement du cap initial".
"Il est temps de sortir (du grand débat) avec une vraie vision et des actes vigoureux", a plaidé de son côté dimanche le président des Républicains Laurent Wauquiez, accusant Emmanuel Macron de "faire l'histrion". Toujours chez LR, Valérie Pécresse estime que l'exécutif "promène le chien jusqu'aux européennes" fin mai.
En attendant les arbitrages, plusieurs ministres avancent leurs pions. Pour financer la dépendance, les ex-LR Gérald Darmanin et Bruno Le Maire ont poussé cette semaine l'idée d'un possible report de l'âge de départ à la retraite, avec l'assentiment de Matignon. Soulignant l'envie de "plus d'écologie" lors du grand débat, François de Rugy s'efforce lui de dessiner un avenir à la fiscalité écologique, déclencheur de la crise il y a six mois.
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