Après une pause nocturne, ces combats ont repris en matinée au sud de la capitale, en particulier à Wadi Rabi et dans le périmètre de l'aéroport international de Tripoli, à une trentaine de kilomètres de la ville, une infrastructure inutilisée depuis sa destruction par des combats en 2014.
Dans un discours samedi soir, le chef du Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli, Fayez al-Sarraj, a mis en garde contre la perspective d'une "guerre sans gagnant" en Libye, pays divisé et en proie au chaos depuis des années.
Il a ajouté que les soutiens continuaient d'"affluer dans la capitale, de toutes les régions", pour faire face à l'offensive lancée jeudi par l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée et dirigée par le maréchal Khalifa Haftar.
"Défense de la capitale"
L'ANL, qui contrôle l'est de la Libye et une grande partie du sud, a déclaré la guerre à ses rivaux de l'ouest en lançant un assaut sur la capitale, siège du GNA.
Le maréchal Haftar a clairement tablé sur une victoire rapide "sans combats" en nouant des alliances avec des factions de la Tripolitaine (région ouest) et en comptant sur un effondrement rapide des groupes armés pro-GNA.
Son porte-parole, Ahmed al-Mesmari, a indiqué samedi que la prise de Tripoli ne saurait tarder.
L'ANL semble ainsi surprise par la mobilisation de forces qui lui sont plus ou moins hostiles, en particulier les puissantes milices de Misrata (200 km à l'est de Tripoli) qui avaient chassé en 2016 le groupe Etat islamique de Syrte.
Les Misratis, qui étaient réticents à s'engager dans les combats, semblent avoir décidé de participer à "la défense de la capitale", de même pour des groupes de Zentan et Zawiya.
Au moins un important groupe armé de Misrata, "la brigade 166", est arrivé samedi dans l'est de la capitale avec des dizaines de véhicules armés notamment de canons antiaériens, pour participer à la contre-offensive, a constaté un correspondant de l'AFP.
La Force de protection de Tripoli, une alliance de milices pro-GNA, a confirmé sur sa page Facebook l'arrivée de renforts de Misrata.
Par ailleurs, les forces pro-GNA ont mené samedi pour la première fois au moins un raid aérien contre une position de l'ANL à une cinquantaine de km au sud de Tripoli, dans la région d'Al-Aziziya.
Dénonçant les raids, M. Mesmari a promis samedi une riposte tout en affirmant que l'offensive se déroulait "comme prévu".
Le maréchal Haftar paraît lui-même vouloir afficher sa confiance dans l'issue des combats. Selon son bureau média, il a présidé une réunion samedi avec le gouvernement parallèle basé dans l'est pour discuter du "plan de sécurisation de Tripoli et de la région ouest après la fin des opérations militaires".
Des analystes estiment toutefois que l'offensive pourrait s'éterniser, voire échouer.
"Poignardé dans le dos"
"L'opération de Haftar (...) a galvanisé les forces libyennes de l'ouest contre lui", affirme à l'AFP Wolfram Lacher, chercheur à l'Institut allemand de politique internationale et de sécurité (SWP).
Haftar "est maintenant confronté à la perspective d'une guerre prolongée", et à l'hypothèse d'une défaite, ajoute-t-il.
La nouvelle escalade de violences intervient avant une Conférence nationale, sous l'égide de l'ONU, prévue mi-avril à Ghadamès (sud-ouest), censée dresser une "feuille de route" avec la tenue d'élections.
L'émissaire de l'ONU pour la Libye Ghassan Salamé, a assuré lors d'une conférence de presse à Tripoli que cette conférence était maintenue "à la date prévue", du 14 au 16 avril, sauf en cas de "circonstances majeures".
M. Sarraj a estimé samedi soir que cette conférence était une piste "vers un Etat stable et pour construire un Etat civil et démocratique".
Il a accusé le maréchal Haftar d'être "animé par ses intérêts personnels" et d'oeuvrer à "saper le processus politique" pour "plonger le pays dans un cycle de violence et de guerre destructrice".
Rappelant les arrangements trouvés avec M. Haftar lors de leurs dernières rencontres, le Premier ministre du GNA a estimé que son rival avait "trahi l'accord" et "tenté de le poignarder dans le dos".
Les deux hommes se sont rencontrés à plusieurs reprises ces dernières années. Lors de leur dernière réunion fin février à Abou Dhabi, ils avaient conclu un accord en vue notamment de former un gouvernement unifié et portant sur l'organisation d'élections avant la fin de l'année.
Une des premières rencontres s'était tenue à Paris en juillet 2017 à l'initiative du président Emmanuel Macron, dont le pays est accusé par les anti-ANL de soutenir le maréchal.
M. Macron s'est entretenu samedi soir par téléphone avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et a renouvelé son soutien à la médiation de l'ONU en Libye, a indiqué l'Elysée.
M. Guterres, dont la visite en Libye cette semaine a coïncidé avec le lancement de l'offensive de l'ANL, a dit quitter le pays "avec une profonde inquiétude et un coeur lourd", après avoir rencontré M. Sarraj à Tripoli puis le maréchal Haftar à Benghazi.
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