"J'ai eu sa compagne en larmes ce (jeudi) matin, elle m'a annoncé qu'il était décédé dans la clinique où il avait été admis pour une opération", a précisé son avocat Yves Haddad à l'AFP, confirmant une information de Var-Matin.
Son avocat le décrivait comme un "Géo Trouvetou du Var", mais plutôt qu'un inventeur, il était apparu devant la justice comme un escroc se croyant au-dessus des normes et des lois, commercialisant des prothèses mammaires remplies d'un gel fabriqué à base d'huile industrielle, et présentant au taux anormal de ruptures.
Ces prothèses, après un contrôle de l'Inspection du travail en mars 2010, avaient provoqué un énorme scandale planétaire : un million d'entre elles avaient été écoulées dans le monde entier entre 2001 et 2010, date de la mise en liquidation de la société PIP. Le nombre de femmes victimes dans le monde est évalué à 400.000.
Condamné une première fois à Marseille en 2013, Jean-Claude Mas avait écopé à nouveau en appel en 2016 de quatre ans de prison ferme et 75.000 euros d'amende pour escroquerie et tromperie aggravée.
Le rejet de son pourvoi en cassation en septembre 2018 rend sa condamnation définitive, mais il n'a jamais été incarcéré pour purger cette peine, même s'il avait effectué 8 mois de détention préventive en 2012. Jean-Claude Mas était en liberté, du fait de ses ennuis de santé : il souffrait notamment de problèmes cardiaques et de diabète.
"Un apprenti sorcier"
"Il ne s'est pas réveillé de son opération, il s'en tire mieux que beaucoup de victimes des prothèses PIP qui sont en souffrance", a réagi Joëlle Manighetti, une des porte-parole des porteuses de ces implants remplis d'un gel frauduleux, contactée par téléphone.
"Il sera parti libre et ses agissements resteront impunis", a aussi regretté sur Twitter Alexandra Blachère, une autre victime, présidente de l'association de victimes PPP.
"Compte tenu de l'ampleur de la fraude et du préjudice, une peine vraiment coercitive ne lui aurait pas fait de mal", a renchéri auprès de l'AFP Me Philippe Chaudon, lui aussi avocat de victimes, en regrettant qu'il ait été laissé en liberté, sans même "un bracelet électronique".
Son parcours judiciaire n'était même pas terminé. Jean-Claude Mas était toujours mis en examen dans deux autres procédures, l'une pour homicide et blessures involontaires, l'autre concernant les aspects financiers de l'affaire, mais son décès va entraîner l'extinction des poursuites.
L'homme au collier de barbe grise et au caractère revêche avait d'abord insulté ses accusatrices, leur reprochant de porter plainte "pour le fric", avant de leur demander "pardon". Lors des audiences, il n'en démordait pas : son gel "maison" était "inoffensif", affirmait-il.
"Vous êtes le formulateur fou (...) l'apprenti sorcier des prothèses", lui avait lancé le procureur de la République, Jacques Dallest, lors de son réquisitoire lors du premier procès.
Né en 1939 à Tarbes, Jean-Claude Mas a fait "un tas de boulots" selon ses dires : vendeur d'assurances vie, épicier et représentant en vins. Il a fondé PIP, en 1991, à une époque où le secteur est en plein essor.
En janvier, la justice française avait reconnu la responsabilité de l'Etat dans le dossier des prothèses défectueuses PIP, estimant que l'Agence française de sécurité sanitaire n'avait pas "pris les mesures de contrôle et d'investigations" nécessaires entre avril et décembre 2009.
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