"Je suis née et j'ai grandi dans ce qui était la colonie britannique de Hong Kong et pensais que les Britanniques étaient très sensés" explique à l'AFP Claudia Mo, députée pro-démocratie du territoire chinois. Mais "le processus du Brexit est presque une farce, c'est tristement drôle. (...) Vu de l'extérieur, c'est presque inconcevable"", remarque la députée de 62 ans.
A la différence du processus du Brexit, les habitants de Hong Kong n'ont pas eu leur mot à dire quand leur territoire a été rétrocédé à Pékin en 1997.
Les jeunes qui veulent émigrer, car ils craignent la mainmise toujours plus forte de Pékin sur Hong Kong, seront désormais peut-être moins tentés que jusqu'ici par le Royaume-Uni, selon Mme Mo. "Je pense que leur premier choix se portera vers l'Australie ou le Canada".
La Grande-Bretagne, qui a longtemps argué que son empire apportait ordre, stabilité et prospérité aux pays conquis, se retrouve divisée sur son propre avenir, risquant l'isolement et des années de difficultés économiques, en particulier en cas de sortie de l'UE sans accord le 12 avril.
En Inde, le Brexit est vu par beaucoup comme une étape du "net déclin de l'influence de la Grande-Bretagne comme grande puissance", selon Sreeram Chaulia, doyen de la Jindal School of International Affairs.
"Le Royaume-Uni deviendra alors une puissance moyenne", prédit-il, tandis que l'Inde devrait dépasser le PIB britannique cette année.
Yoga du Brexit
Au Bangladesh, les étudiants de l'Université de Dacca sont partagés: Syed Tahsin espère que les relations entre les deux pays seront "meilleures que jamais" puisque Londres promet de renforcer ses liens avec le Commonwealth.
D'autres craignent que le sentiment anti-immigration qui a nourri le vote pro-Brexit rendra le royaume moins accueillant aux étrangers et à l'importante communauté bangladaise qui y vit.
"Le Brexit est une politique de suprémacistes blancs", affirme Aishwarya Proma, étudiante, craignant que cela pousse plus d'immigrants à rentrer dans leur pays".
Si le Brexit occupe les esprit en Europe, beaucoup en Asie sont préoccupés par leurs propres problèmes politiques.
"La question du Brexit et plus largement de la démocratie semble bien loin de notre vie quotidienne au Sri Lanka, où les dysfonctionnement de notre système politique nous usent", explique à l'AFP Dharisha Bastians, rédactrice en chef du Sunday Observer.
Pour le député nationaliste sri-lankais Udaya Gammanpila, cette indifférence est un bon signe: "Nous ne sommes plus préoccupés par la politique britannique. Nous sortons de notre mentalité coloniale".
En raison de leurs liens historiques, linguistiques et culturels, les Australiens ont suivi les rebondissements du Brexit peut-être avec plus d'intérêt que d'autres. Nick Miller, correspondant en Europe des quotidiens Sydney Morning Herald et The Age, note le "vif intérêt" de ses lecteurs pour le Brexit.
"Voir un pays renoncer délibérément à un partenariat mutuellement avantageux, au risque de nuire à son économie et à son influence au nom d'un principe culturel, a surpris", analyse-t-il.
Mais l'Australie n'a guère de leçon à donner en matière de stabilité politique: "Nous avons changé de Premier ministre six fois en onze ans et seulement deux fois à la suite d'une élection", reconnaît-il.
D'autres ont pris le parti d'en rire: la vidéo "Yoga du Brexit" du comique australien Sammy J montrant des postures baptisées "montée du nationalisme" ou "économie déclinante" a été vue 5,4 millions de fois sur Facebook le mois dernier.
Pour l'étudiant en économie Linus Yeo, de Singapour, "c'est le moment idéal de partir en vacances au Royaume-Uni" car "la livre va probablement chuter".
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