Précédé d'un important dispositif de sécurité, le président a fait en voiture le trajet de 60 km entre Ajaccio et le village de montagne de Cozzano, où est organisée la réunion. Il s'agit de la 15e étape du débat national que le chef de l'Etat a lancé à la mi-janvier pour répondre à la crise des "gilets jaunes".
En Corse, cette réunion se heurte au revendications des nationalistes, au pouvoir depuis 2015. Frustrés de ne pas obtenir d'avancées sur leur demande d'une autonomie plus large, les deux hommes forts de l'île, le président du conseil exécutif Gilles Simeoni et celui de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni ont décidé de boycotter la réunion de Cozzano. Et seuls 200 maires sur les 360 invités ont répondu présent.
La coalition nationaliste Pè a Corsica a aussi organisé une opération "île morte", la première depuis des années, partiellement suivie. Des militants ont placardé des drapeaux corses tout au long du trajet vers Cozzano et quelques dizaines d'entre eux attendaient le cortège présidentiel le long de la route, étroitement contrôlée par les gendarmes.
Le programme du chef de l'Etat a été restreint au minimum. Au lieu d'une rencontre avec les habitants dans un bar sur la route, il a visité à l'improviste une charcuterie artisanale, uniquement en présence du patron et de sa famille, ainsi que du maire de Cozzano.
Le puissant syndicat des travailleurs corses STC a appelé à la grève, pour s'opposer au "mépris de l'Etat français vis-à-vis de la Corse".
Plus inquiétant, un vague d'explosions a secoué l'île depuis trois semaines, la plus importante depuis 2012, sans revendication politique à ce stade, même si elle rappelle le mode opératoire de groupes clandestins nationalistes.
Lundi, des charges non explosées ont été découvertes devant deux bâtiments des finances publiques à Bastia, entraînant la saisine de la section antiterroriste du parquet de Paris. Plusieurs villas ont également été visées par des explosions le 10 mars.
Impatience
Mercredi a vu un dialogue de sourds entre les dirigeants nationalistes et le chef de l'Etat. Les deux hommes l'ont invité à s'exprimer devant les élus de l'Assemblée de Corse, ce que M. Macron a aussitôt refusé, en leur proposant de les rencontrer à Cozzano ou à Paris.
Une "rebuffade", selon les nationalistes, qui assurent eux aussi chercher le dialogue.
La droite a salué jeudi matin la fermeté du chef de l'Etat, alors que la France Insoumise dénonçait une attitude "provocante" du président.
A l'hostilité des nationalistes se greffe une grève nationale dans l'éducation et une contestation sociale classique.
A Cozzano, vers 14H00, les maires ont commencé à remplir la petite salle, installés sur des chaises en plastiques disposées en carré, comme dans une arène.
Le pari d'Emmanuel Macron est de recentrer le débat sur les problèmes quotidiens des habitants,plutôt que sur les revendications jugées "totémiques" des nationalistes : autonomie, langue corse obligatoire jusqu'en terminale ou retour des prisonniers détenus sur le continent.
"Ces prisonniers ne sont que trois : les assassins du préfet Erignac", s'agace l'entourage du président. Pour la langue corse, Emmanuel Macron a annoncé mardi qu'elle deviendrait l'une des spécialités à part entière du nouveau baccalauréat. Quant aux institutions, il estime avoir déjà fait une concession majeure en promettant l'inscription de la spécificité corse dans la Constitution.
Mais s'il est interrogé sur ces dossiers, "il répondra", souligne l'Elysée. Au risque d'aller à la confrontation.
L'opinion française s'impatiente de l'exercice du grand débat, qui se prolonge sans aucune réponse concrète pour l'instant. L'organisation d'une forme de "grand débat" à l'Assemblée s'est tenu dans un hémicycle quasi désert, devant un gouvernement qui attend visiblement les arbitrages du chef de l'Etat, quand les ministres lancent des ballons d'essai parfois contradictoires sur les retraites ou la fiscalité.
La veille, devant 900 maires bretons, Emmanuel Macron a promis de répondre sans "reniement" ni "entêtement" aux souhaits des Français, un "en même temps" qui maintient le flou.
De nouveau en baisse dans les sondages, le chef de l'Etat doit annoncer de premières mesures à la mi-avril.
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