Selon la mythologie, les empereurs du Japon descendent de la déesse du soleil, Amaterasu, qui leur a légué "trois trésors sacrés": un miroir, une épée et un joyau, symboles d'une lignée dont les racines remontent à plus de 2.600 ans et qui a débuté avec l'empereur Jimmu, dont le nom signifie "bravoure divine". Selon les historiens, la dynastie remonte au moins jusqu'au 7e siècle après J.C.
Ces objets mythiques seront solennellement transmis au cours d'une cérémonie à Naruhito lorsqu'il succédera à son père Akihito. Emballés dans des tissus précieux, ils ne seront pas montrés au public, comme l'exige la tradition.
Le statut, le pouvoir et les fonctions des différents empereurs ont évolué au fil des siècles, au gré des contingences politiques et militaires du pays. Mais demeurent en toile de fond les rites et croyances qui régissent encore aujourd'hui le quotidien de celui qui règne sur le trône du Chrysanthème.
"A une époque, les empereurs étaient comme un pape et, à une autre époque, ils étaient comme un tsar. Maintenant, l'empereur est semblable à un roi", explique Asao Kure, maître de conférences à la Kyoto Sangyo University.
"Mais l'empereur est empereur. Bien que ce soit l'un des systèmes de monarchie (constitutionnelle) existant ailleurs dans le monde, l'empereur du Japon est singulier", assure-t-il.
Longue vie
Les premiers empereurs étaient à la fois des chefs d'armée et les plus hauts dignitaires du culte shinto, s'acquittant de rites liés à cette religion animiste japonaise et de prières pour la prospérité de la nation.
Certains, comme l'empereur Tenmu au 7e siècle, détenaient un pouvoir quasi absolu. Surnommé le "roi des rois", Tenmu a alors façonné un système politique et renforcé le pouvoir impérial.
Mais de nombreux autres souverains n'ont eu qu'un rôle de pantin manipulé par des guerriers samouraïs ou d'ambitieux héritiers de grandes familles, dans un pays tiraillé entre clans régionaux.
Après trois siècles de mainmise des shoguns (chefs de guerre) Tokugawa sur un archipel fermé, d'où ont été exclus les étrangers, le Japon cède aux coups de boutoir américains et accepte de se rouvrir, d'où s'ensuit la restauration de l'empereur, Meiji, en 1868.
Une ère de modernisation à marche forcée débute alors, qui s'accompagne d'ambitions militaires qu'amplifient des victoires face à la Chine (1894-1895) et la Russie (1904-1905).
La constitution Meiji, entrée en vigueur en 1889, hisse l'empereur au rang de divinité à révérer, un cadre idéologique exploité par les nationalistes et les dirigeants militaires pour que le pays soutienne comme un seul homme les ambitions impérialistes du Japon dans les années 1930 puis durant la Guerre du Pacifique.
Reste de cette dévotion l'image des pilotes "kamikaze" écrasant leurs avions sur les cibles ennemies au cri de "Banzai!" ("Longue vie à l'empereur").
Celui qui deviendrait un demi-siècle plus tard l'actuel empereur Akihito naît en 1933, dans un pays qui, au nom de son père Hirohito, a déjà conquis la Corée (1910) et une partie de la Chine, puis attaque les Etats-Unis (Pearl Harbor, décembre 1941).
Le destin du jeune prince héritier change du tout au tout le 15 août 1945 lorsque, éloigné de Tokyo par précaution, il entend à la radio son père Hirohito annoncer la capitulation sans condition du Japon, anéanti par les bombardements de Tokyo (mars 1945) et ceux -- atomiques -- d'Hiroshima et Nagasaki (août 1945).
"Corps et âme"
Le sort de la famille impériale est alors en jeu, certains préconisant de dissoudre le système impérial en raison du rôle controversé de Hirohito.
Chef des forces d'occupation, le général américain Douglas MacArthur plaida auprès de sa hiérarchie pour maintenir l'empereur afin de préserver le moral et la cohésion d'un Japon militairement et économiquement exsangue, tout en réduisant considérablement ses pouvoirs.
Une nouvelle constitution, écrite en 1946 par un comité américain, entrée en vigueur en mai 1947, confère à l'empereur un rôle de "symbole de l'Etat et de l'unité du peuple".
Hirohito essaie de se couler dans ce nouveau moule, mais c'est son fils Akihito, qui, lui succédant à sa mort en janvier 1989, donne une réelle substance à ce rôle inédit, assurant "se dévouer corps et âme" pour s'acquitter de sa tâche.
"Les rôles successifs des empereurs ont reflété chaque période du pays. Les prochains se créeront probablement un rôle différent découlant des mouvements de leur époque", estime Asao Kure.
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