En ce moment

"Gilets jaunes" : Vanessa, des "trous dans l'œil", a "l'impression de ne plus être" elle-même

"J'ai l'impression de ne plus être moi-même": dans son appartement du Plessis-Trévise (Val-de-Marne), la "gilet jaune" Vanessa Langard ressasse les conséquences de sa nouvelle vie, "des trous dans l'oeil" et un avenir obscurci.

"Gilets jaunes" : Vanessa, des "trous dans l'œil", a "l'impression de ne plus être" elle-même
Vanessa Langard photographiée le 19 mars 2019 au Plessis-Trevise - Martin BUREAU [AFP/Archives]

Pour cette fille de pompier, ce qui lui est arrivé va "à l'encontre de ce qu'on (lui) a appris. Tirer sur le peuple ? Je ne comprendrais jamais".

Vanessa Langard est venue manifester le 15 décembre à Paris, indignée par la situation de sa grand-mère, qu'elle héberge et qui est dépendante. "Il n'y a rien pour elle". Sa petite-fille est son auxiliaire de vie, et pas "une fainéante", souligne-t-elle, pour contester le mot d'Emmanuel Macron: elle allait "commencer un deuxième travail dans les écoles".

Elle et ses amis avaient "vu les images des week-ends précédents" : des scènes de guérilla urbaine à Paris deux semaines auparavant, près de 2.000 interpellations et des dégâts dans la capitale, à Bordeaux ou Toulouse le week-end précédent. "La priorité, c'était de faire attention", raconte-t-elle.

Au matin, sur les Champs-Elysées, il y a "une super ambiance, c'était calme". Mais après déjeuner, elle et ses amis "tombent sur une barre de CRS" et s'éloignent. D'un coup, elle voit "des policiers en civil arriver" d'une rue perpendiculaire. "Il n'y a pas eu de menaces, pas eu de cris, pas eu de personnes qui jetaient de choses", se rappelle-t-elle. Les policiers "tirent; je me fais impacter". Pour elle, le LBD est en cause.

Elle a porté plainte, l'IGPN l'a auditionnée.

Dans les souvenirs de celle qui devait fêter ses 35 ans quelques jours plus tard, les trous commencent au moment de cet impact : "Plein de choses se sont effacées". Pour raconter la scène, elle montre une vidéo sur son téléphone. "Je suis à terre, le crâne éclaté, on voit l'os".

"Ma meilleure amie a entendu +pouh ! pouh!+ Elle a tourné la tête, elle m'a vu par terre, elle m'a cru morte". Sa mère lui dira aussi qu'elle a cru qu'on allait "l'enterrer".

"Solidarité"

A l'hôpital, elle subit deux interventions: d'abord, pour son hémorragie crânienne. Ensuite, trois plaques de métal au-dessus de l'œil.

La jeune femme blonde, pétillante et dynamique sur d'anciennes photos, s'assombrit : "J'ai l'impression de ne plus être moi-même. Je prenais soin de moi-même, j'adorais me faire jolie, je ne peux plus me maquiller."

Extérieurement, son visage ne présente qu'une grosse cicatrice au-dessus de l'œil gauche, toujours présent. Mais celui-ci ne fonctionne pratiquement plus: "acuité visuelle limitée à 1/20ème", commente un certificat médical consulté par l'AFP.

"Je me posais des questions: quel futur ? Vais-je pouvoir travailler ? Je suis décoratrice sur verre". Car sa vie, résume-t-elle, est "désormais un combat au quotidien", avec "un an de rééducation" au programme, "des pertes de mémoires importantes" et des "connexions qui ne se font plus". "L'handicap de mon handicap", a-t-elle fini par remarquer, "c'est qu'il ne se voit pas. Les gens ne vont pas comprendre que je sois KO".

Deux rais de lumière l'animent toutefois encore : "témoigner", car "ça fait dix ans qu'en banlieue, on se fait tirer dessus au +flash-ball+. Ça fait longtemps qu'on aurait dû le dénoncer", dit celle qui n'avait jusque-là manifesté que contre Jean-Marie Le Pen, comme lycéenne.

Surtout, Vanessa Langard apprécie la "solidarité" entre blessés graves, avec qui "on arrive plus facilement à fonctionner", et celle, plus large, entre "gilets jaunes", qui lui ont envoyé des "centaines et milliers de messages": "Ça m'aide à relever la tête".

Sur sa veste noire, elle porte encore un pin's en forme de gilet jaune, alors que celui du jour où sa vie a basculé, ensanglanté, a été jeté. "C'est un homme qui a décidé de faire des pin's en forme de gilets jaunes et qui reverse le produit de la vente à ceux qui ont été gravement blessés. J'ai reçu une +box+ pour un massage spa. Ça m'a fait si plaisir".

gd/sac/pta

Dossier complet : http://factuel.afp.com/gjeborgnes

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Petites Annonces
Immobilier
Maison à vendre Carantilly
Maison à vendre Carantilly Carantilly (50570) 120 600€ Découvrir
Maison à rénover
Maison à rénover Saint-Pair-sur-Mer (50380) 402 800€ Découvrir
Maison à vendre Notre-Dame-de-Cenilly
Maison à vendre Notre-Dame-de-Cenilly Notre-Dame-de-Cenilly (50210) 179 880€ Découvrir
Maison à vendre Saint-Martin-de-Cenilly
Maison à vendre Saint-Martin-de-Cenilly Saint-Martin-de-Cenilly (50210) 196 520€ Découvrir
Automobile
VAN AMENAGE toit relevable
VAN AMENAGE toit relevable La Remuée (76430) 42 000€ Découvrir
Grand C4 Spacetourer Blue HDi
Grand C4 Spacetourer Blue HDi Caumont-sur-Aure (14240) 16 500€ Découvrir
VOLKSWAGEN TRANSPORTER VAN AMENAGE VOLKSWAGEN T6 L1H1  Van
VOLKSWAGEN TRANSPORTER VAN AMENAGE VOLKSWAGEN T6 L1H1 Van Mont-de-Marsan (40000) 17 890€ Découvrir
CARAVANE CARAVELAIR BRASILIA 450
CARAVANE CARAVELAIR BRASILIA 450 Villeneuve-d'Ascq (59491) 2 800€ Découvrir
Bonnes affaires
Leica Q2 19051 à l'état neuf
Leica Q2 19051 à l'état neuf Lyon (69001) 2 900€ Découvrir
Razer Blade 17 Ordinateur Portable de jeu (PC GAMER+Casque+Souris) Neuf
Razer Blade 17 Ordinateur Portable de jeu (PC GAMER+Casque+Souris) Neuf Lyon (69001) 1 900€ Découvrir
Sonos Arc Set+3x ones+sub gen 3 (Neuf)
Sonos Arc Set+3x ones+sub gen 3 (Neuf) Lyon (69001) 1 900€ Découvrir
grand meuble etagères
grand meuble etagères Bacilly (50530) 70€ Découvrir
L'application mobile de Tendance Ouest
Inscrivez vous à la newsletter
Les pronostics avec Tendance Ouest
L'emploi avec Tendance Ouest
L'agenda des sorties de Tendance Ouest
Les concerts avec Tendance Ouest
"Gilets jaunes" : Vanessa, des "trous dans l'œil", a "l'impression de ne plus être" elle-même