L'audit de la filiale commune de Renault et de son partenaire japonais Nissan, RNBV, basée aux Pays-Bas, soulève de "sérieux questionnements" quant à la conformité de plusieurs millions d'euros de dépenses, a annoncé Renault dans un communiqué, à l'issue d'un conseil d'administration.
Ancien patron emblématique de l'alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn a été interpellé fin novembre au Japon. Libéré le 6 mars sous caution après plusieurs mois de prison, il a été inculpé dans ce pays pour minoration d'une partie de ses revenus après des autorités boursières. Il a également été inculpé pour divers abus de confiance.
Il est soupçonné d'avoir utilisé à son profit l'argent des deux entreprises grâce à des montages opaques.
M. Ghosn, déchu de toutes ses fonctions chez Renault et Nissan, dément les accusations et se dit victime d'un complot. Il a annoncé mercredi une conférence de presse via un compte Twitter créé pour l'occasion, au moment où, selon les médias, il est menacé de nouvelles poursuites judiciaires au Japon.
Renault avait déjà saisi le parquet vendredi au sujet de plusieurs millions d'euros de paiements suspects réglés par la présidence du constructeur français sous Carlos Ghosn.
Les auditeurs ont été surpris de voir des dépenses de marketing à Oman affectées au centre de coût de la présidence du groupe à Paris, alors que ces dépenses relèvent normalement du budget des régions concernées.
Des flux financiers similaires avaient déjà été détectés chez Nissan. Ils sont soupçonnés d'avoir été utilisés pour des dépenses personnelles n'ayant aucun lien avec l'activité de l'entreprise. Ces soupçons pourraient motiver l'ouverture d'une nouvelle procédure judiciaire au Japon.
Le conseil d'administration de Renault a annoncé mercredi avoir demandé à la direction générale du groupe français "de se rapprocher de Nissan pour remédier conjointement à ces déficiences dans les meilleurs délais". Le constructeur se réserve également le droit de saisir la justice française sur ces nouvelles découvertes.
L'attitude de Renault contraste désormais avec celle des premières semaines après l'arrestation de son patron, quand l'entreprise plaidait la présomption d'innocence et se montrait irritée par les révélations au compte goutte de Nissan.
Rémunérations réduites
Le constructeur, désormais présidé par le patron sortant de Michelin, Jean-Dominique Senard, s'efforce par ailleurs de verser le moins d'argent possible au Franco-Libanais-Brésilien de 65 ans.
Renault a annoncé que M. Ghosn ne pourrait prétendre à une "retraite-chapeau", ne remplissant pas les conditions de présence dans le groupe pour la toucher.
Le groupe a rappelé que "la rémunération fixe de M. Carlos Ghosn au titre de l'exercice 2018 s'était élevée à 1 million d'euros brut". La CGT a regretté ce versement.
Le conseil d'administration a par ailleurs calculé à 224.000 euros le montant de la rémunération variable que devrait toucher M. Ghosn au regard des objectifs fixés. Mais il va recommander aux actionnaires de ne pas lui accorder.
Mi-février, Renault avait privé son ancien dirigeant de son indemnité de non-concurrence et de sa rémunération en actions, représentant environ 30 millions d'euros sur plusieurs années.
Concernant ses remplaçants, une rémunération de 450.000 euros par an sera proposée à M. Senard, alors que le directeur général exécutif, Thierry Bolloré, se verra proposer 900.000 euros.
M. Bolloré aura droit, en outre, à une rémunération variable pouvant aller jusqu'à 125% de ce montant, soit 1,125 million d'euros et donc un total maximum de 2,025 millions d'euros. Mais il aura droit à moitié moins d'actions de performances, soit 50.000 titres, sous réserve de l'atteinte de critères de performance sur une période de trois ans.
Par ailleurs, le renouvellement des membres du conseil d'administration se poursuit. La démission de Carlos Ghosn de son mandat d'administrateur sera effective lors de la prochaine assemblée générale du 12 juin. Cette réunion entérinera la nomination d'Annette Winkler, ancienne dirigeante du constructeur allemand Daimler (Mercedes-Benz), en remplacement de Cherie Blair, avocate britannique épouse de l'ancien Premier ministre Tony Blair, dont le mandat arrivait à échéance.
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