La dirigeante conservatrice a tendu la main à son adversaire politique mardi soir et annoncé son intention de demander un nouveau report de la date du Brexit aux dirigeants européens, pour se laisser le temps de convenir d'une solution susceptible d'être enfin acceptée par un Parlement qui a jusqu'ici rejeté tous les scénarios proposés.
"L'unité nationale est nécessaire pour défendre l'intérêt national", a fait valoir Mme May pour justifier sa démarche d'ouverture, très mal reçue par une partie de son camp qui craint qu'elle n'ouvre la voie à un Brexit plus doux, synonyme de relations économiques étroites avec l'UE.
Jusqu'ici, l'un et l'autre ont affiché des positions diamétralement opposées: Mme May défend une sortie du marché unique et de l'union douanière afin de permettre au Royaume-Uni de mener une politique commerciale autonome et mettre fin à la libre circulation des personnes, quand M. Corbyn souhaite une union douanière étroite et a voté pour le maintien dans le marché unique lundi.
En signe de protestation, le secrétaire d'Etat au Pays de Galles, Nigel Adams, a démissionné mercredi, qualifiant de "grave erreur" la démarche de la dirigeante. "Il est clair maintenant qu'on va finir avec une union douanière. Ce n'est pas le Brexit promis à mes administrés", a-t-il ajouté dans sa lettre de démission.
"Nous ne posons pas de condition préalable, mais ce n'est pas non plus un blanc-seing", a de son côté déclaré le ministre en charge du Brexit, Steve Barclay, sur la BBC.
Avant leur rencontre prévue dans l'après-midi, Theresa May et Jeremy Corbyn s'affronteront au cours de la séance hebdomadaire de questions à la cheffe du gouvernement à la Chambre des communes à 11H00 GMT.
En cas d'échec des discussions, Mme May prévoit de soumettre au vote du Parlement "un certains nombre d'options afin de déterminer la voie à suivre".
Quid des élections européennes ?
La réponse européenne est attendue en début d'après-midi avec un discours du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Le référent du Brexit au Parlement européen Guy Verhofstadt a lui déjà réagi sur Twitter en estimant que "c'est une bonne chose que Theresa May cherche un compromis transpartisan. Mieux vaut tard que jamais".
Au sein du Parti travailliste, certains comme le député Ben Bradshaw, considéraient aussi l'offre de Theresa May avec circonspection, estimant qu'il pourrait s'agir d'un "piège" destiné soit à "faire passer l'accord désastreux de Mme May", soit à tenir le Labour responsable de l'échec du Brexit.
Le gouvernement n'a pas exclu de représenter l'accord de divorce conclu par Mme May avec Bruxelles fin novembre, qui a déjà été rejeté trois fois par les députés.
Face à un dénouement incertain, plusieurs députés, emmenés par la travailliste Yvette Cooper et le conservateur Oliver Letwin, veulent soumettre au vote des parlementaires mercredi soir une loi destinée à empêcher une sortie sans accord au 12 avril, et obtenir un report du Brexit.
Alors que le Brexit était censé avoir lieu vendredi 29 mars, les dirigeants européens avaient déjà accordé à Londres un report de la date, désormais fixée au 12 avril. Un nouveau délai devra être approuvé à l'unanimité des 27 autres pays membres de l'UE, qui se réunissent à Bruxelles pour un sommet consacré au Brexit le 10 avril.
Un report au-delà du 22 mai impliquerait que le Royaume-Uni prenne part aux élections européennes, prévues du 23 au 26 mai, une éventualité que le gouvernement britannique veut éviter.
Un porte-parole du gouvernement britannique a toutefois reconnu que le Royaume-Uni était susceptible d'entamer les préparatifs pour participer au scrutin, quitte à les interrompre en cas de concrétisation du Brexit.
"L'important c'est que l'on peut annuler la participation aux élections européennes jusqu'à la veille de leur tenue", a-t-il souligné.
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