C'est un drame de la route qui était examiné mardi 2 avril 2019 au palais de justice d'Alençon (Orne). Le 26 août 2017, après un repas de mariage, le prévenu entend faire une démonstration de sa nouvelle puissante Lexus Hybride une berline toute neuve. À hauteur de Bursard, il roulait à 159km/h - au lieu de 90 - lorsqu'il a percuté un ensemble agricole qui tournait à gauche. Ses deux passagers, son beau-frère âgé de 53 ans et son gendre âgé de 28 ans, avaient été tués sur le coup.
C'est la troisième fois que la famille endeuillée se retrouvait au Palais de justice d'Alençon . Il y a d'abord eu une comparution immédiate et un délai demandé pour préparer la défense. Puis une audience en avril 2018, avec une demande d‘instruction complémentaire. Et finalement la condamnation le 2 avril 2019. "Une durée difficile à vivre pour la famille", a souligné une avocate de la partie civile.
A 90 km/h, l'accident n'aurait pas eu lieu
Le tribunal est revenu sur les faits. La Lexus roulait à 159km/h, elle venait de dépasser une voiture qui, elle, roulait à 90km/h, vitesse limite à l'époque des faits. Puis vient un virage, et quelques centaines de mètres plus loin : l'accident. Un tracteur qui tire une remorque de round-balleurs, tourne à gauche, alors que personne n'arrive en face. Mais la Lexus déboule tellement vite qu'elle percute la remorque qui n'a pas fini de tourner.
À la barre du tribunal, le prévenu dit ne se souvenir de rien. Il admet tout juste qu'il a "pu être distrait par l'écran qui indique la recharge en roulant", de son véhicule hybride. Il n'a pas vu le tracteur. Selon l'ordinateur de bord de la Lexus, il n'a commencé à freiner que 2,9 secondes, soit 115 mètres, avant le choc. Trop tard. Les rapports des deux experts sont formels : à 90km/h, cet accident mortel n'aurait jamais eu lieu.
"Une vitesse stratosphérique"
Dans leurs plaidoiries, les avocats des familles des victimes ont évoqué la personnalité des deux disparus. Mais aussi une "vitesse stratosphérique", "la bêtise", "l'irresponsabilité humaine". Le prévenu est dépeint comme "un criminel qui cherche à échapper à ses responsabilités". Ils indiquent qu'il n'a jamais exprimé de remord.
Le procureur de la République a souligné "une attente très forte de justice de la part des familles. C'est la responsabilité du prévenu d'avoir pris sa voiture en sortant d'un repas de mariage", a-t-il souligné, expliquant que "la voiture s'est jetée sur l'obstacle". Envers l'automobiliste, il requiert cinq ans de prison dont trois avec sursis, et sept ans avant de pouvoir repasser son permis de conduire.
Un convoi exceptionnel ?
Deux avocats se sont partagé la délicate mission de défendre l'accusé. Dire l'inentendable par les familles des victimes. Certains membres ont alors craqué : pleurs pour les uns, invectives des avocats de la défense pour un autre, qui a quitté la salle. La défense est revenue sur l'ensemble agricole, que le poids et les dimensions auraient dû classer en convoi exceptionnel. Mais aussi sur l'alcoolémie estimée (entre 0,6 et 1,1g), mais pas déterminée avec certitude car elle n'a été mesurée qu'en arrivant au CHU de Caen, quatre heures après l'accident. "Vous êtes là pour juger, pas pour faire un exemple" a conclu la défense.
Après une heure de délibéré, le tribunal correctionnel d'Alençon a reconnu l'automobiliste coupable d'homicide involontaire et l'a condamné à quatre ans de prison avec sursis. Il n'ira donc pas en prison, s'il ne commet pas de nouvelle infraction. Le coupable ne pourra pas non plus repasser son permis de conduire avant quatre ans.
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