"Des progrès formidables ont été réalisés et l'Otan est beaucoup plus forte", a lancé le président des Etats-Unis devant la presse à la Maison Blanche. "Depuis ma prise de fonctions, c'est une montée en flèche", "les gens payent et je suis très heureux", a-t-il ajouté en recevant le secrétaire général de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord Jens Stoltenberg dans le Bureau ovale.
Ce satisfecit rompt avec plusieurs mois d'attaques virulentes de la part du milliardaire républicain, qui réclamait un meilleur "partage du fardeau" pour que les pays européens contribuent davantage à la défense commune, au lieu, disait-il, de vivre aux crochets des faramineuses dépenses militaires américaines.
Donald Trump n'a eu de cesse de bousculer les Alliés, semblant parfois mettre en cause l'utilité même de l'Otan et le bien-fondé de son principal pilier, l'article 5 du traité prévoyant qu'en cas d'attaque contre un pays membre, tous les autres volent à son secours.
Il insiste surtout pour que chaque gouvernement porte son effort militaire à 2% de son produit intérieur brut (PIB) en 2024 au plus tard, conformément à une règle fixée il y a cinq ans. Première visée: l'Allemagne, qui est encore très loin du but, avec 1,5% prévu en 2024.
Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas avait d'ailleurs pris les devants en prévenant, avant de venir à Washington, que les "débats publics sur le partage du fardeau" risquaient de "provoquer l'incertitude au moment où la Russie met à l'épreuve" l'unité de l'Otan, "encore et toujours".
Mais le président américain n'a pas joué les trouble-fête, comme certains le redoutaient, à la veille d'une réunion de deux jours des ministres des Affaires étrangères de l'Otan.
"Quand je suis arrivé, ça n'allait pas", car la contribution américaine était "disproportionnée", a-t-il redit mardi. Mais "nous avons travaillé ensemble", avec Jens Stoltenberg, "pour que certains de nos alliés payent leur juste part" et "ils sont en train de rattraper leur retard", s'est-il réjoui.
"La relation avec l'Otan est très bonne", a-t-il même assuré, s'attirant les remerciements du secrétaire général.
Ce dernier a souligné qu'après "des années de coupes dans les budgets de la défense, les Alliés de l'Otan ont commencé à investir davantage". Avec un chiffre rond à la clé, pour le plus grand plaisir de Donald Trump: entre son arrivée à la Maison Blanche début 2017 et la fin de cette année, les dépenses supplémentaires des 28 autres pays membres auront atteint 100 milliards de dollars.
"Cela prouve la force de cette alliance", a estimé l'ex-Premier ministre norvégien, dont le mandat vient d'être prolongé jusqu'en 2022 et qui doit prononcer mercredi un discours devant le Congrès américain.
Mesures anti-russes
Créée pour contrer l'Union soviétique en Europe, l'Alliance est encore aux prises avec la Russie dans un contexte international aux faux airs de nouvelle Guerre froide. Les "menaces" russes sont tout en haut de l'ordre du jour de ces célébrations, qui s'annoncent plutôt modestes.
Les pays membres devraient, selon le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, annoncer jeudi une autre série de mesures communes contre ce que la Russie fait en Crimée", la péninsule ukrainienne annexée en 2014.
"Nous allons faire plus de surveillance, il y aura plus de navires de pays de l'Otan dans la mer Noire", a prévenu lundi l'ambassadrice américaine auprès de l'Alliance atlantique, Kay Bailey Hutchison.
Toujours en décalage avec sa propre administration sur la question des relations avec la Russie de Vladimir Poutine, Donald Trump a lui réaffirmé vouloir une "bonne relation" avec Moscou. "Je pense qu'on peut bien s'entendre avec la Russie", a-t-il insisté.
La dispute entre la Turquie et les Etats-Unis, tous deux membres de l'Otan, autour de la volonté turque d'acquérir le système russe antimissiles S-400, pourrait aussi s'inviter à la réunion ministérielle.
A la veille de la rencontre, Washington a augmenté la pression sur Ankara en suspendant toute livraison aux Turcs en lien avec les avions de combats américains F-35.
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