Dans le détail, M. Enders pourrait toucher 26,3 millions d'euros, somme provisionnée par Airbus pour ses années de retraite, des actions gratuites de performance évaluées à 7,3 millions d'euros et 3,2 millions pour une indemnité de non-concurrence d'un an, selon une estimation réalisée par le cabinet d'étude Proxinvest.
"Je suis opposé aux indemnités excessives", a réagi mardi Bruno Le Maire dans un message transmis à l'AFP, après que plusieurs responsables politiques eurent manifesté leur mécontentement face à ce nouveau "parachute doré".
"Airbus est la seule société au monde où un actionnaire qui détient 11% du capital, en l'occurrence l'Etat français, ne participe pas au conseil d'administration", a regretté la présidente du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Valérie Rabault, dénonçant une "irresponsabilité affligeante" de la part de l'État.
Une source du ministère de l'Économie et des Finances rappelle qu'en vertu des accords négociés en 2012, l'Etat n'est pas représenté au Conseil d'Airbus et "en appelle aux administrateurs de la société pour qu'ils fassent preuve de mesure et tiennent compte de la réaction négative de l'opinion et des investisseurs qui peuvent nuire à la réputation d'Airbus dans le contexte actuel".
De son côté, l'avionneur européen a confirmé à l'AFP la "cohérence" des "calculs théoriques" du cabinet d'étude concernant la retraite de M. Enders, calculée sur 20 ans.
Cela correspond à une rente annuelle de 1,31 million d'euros, d'après les calculs de Proxinvest qu'avait dévoilés Le Monde mardi.
"Ca fait cher la prime de non-concurrence, 12 mois c'est vite passé... Si dans un an et demi il a envie de faire du conseil pour une autre compagnie, il aura le droit", souligne à l'AFP Loic Dessaint, directeur de Proxinvest, qui conseille les actionnaires.
Les actions de performance sont héritées de plans passés de 2015 à 2017, puisque M. Enders n'en a pas reçu en 2018, précise-t-il.
droit néerlandais
Ces rémunérations ne seront pas soumises au vote des actionnaires, comme l'impose la loi française, car Airbus est une entreprise de droit néerlandais.
"Le Code Afep-Medef est suivi sur la base du volontariat et donc on ne peut pas reprocher à quelqu'un de ne pas respecter un code auquel il n'a pas adhéré", souligne par ailleurs Jean-Philippe Roulet, Secrétaire général du Haut Comité du gouvernement d'entreprise (HCGE), gardien du respect du Code sur la rémunération des hauts dirigeants des sociétés cotées.
Si le HCGE rappelle qu'Airbus ne se situe "pas dans son domaine de compétence", il juge toutefois "évident", selon les recommandations de son instance, "qu'on ne peut pas indemniser la non-concurrence d'un dirigeant qui part à la retraite dans les mois qui viennent".
Le HCGE s'était également déclaré incompétent en mars dernier concernant les 14 millions d'euros d'indemnités de départ du président de TechnipFMC, société de droit britannique, qui avaient hérissé le gouvernement.
Pour M. Roulet, une piste de réflexion résiderait dans les conditions d'admission d'une société sur une place boursière. Doivent-elles intégrer la condition contraignante du respect du code de gouvernance national?
"Cette disposition n'existe pas actuellement dans les conditions de cotation d'Euronext", précise le secrétaire général, soulignant la complexité technique d'une telle disposition du fait de la globalisation des sociétés.
Tom Enders passera la main le 10 avril à Guillaume Faury, actuel patron de la branche aviation commerciale de l'avionneur.
Il part après une dernière grosse commande de 300 avions par la Chine pour un montant estimé à 30 milliards d'euros au prix catalogue.
Tout n'est cependant pas rose dans le ciel d'Airbus, qui a annoncé en février la fin de la production de son emblématique A380, entré en service en 2007, faute de commandes.
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