Finalement méconnue des Rouennais, l'église Saint-Nicaise dénote et surprend au premier abord. L'apprécier peut prendre du temps. Son architecture est pourtant unique. Reconstruite après l'incendie de 1934, elle a la particularité d'intégrer une nef de style Art déco sur un chœur du XVIe siècle de style gothique flamboyant, grâce à la subtilité du travail de Pierre Chirol et Emile Gaillard. "Ce côté hybride est fascinant", s'enthousiasme Etienne Levallois, membre de l'association la Boise de Saint-Nicaise, qui s'est créée en 2016 pour tenter de sauver l'édifice. Mal entretenues, les parties neuves en béton armé sont désormais très abîmées. Des gargouilles ont été sciées sur la partie XVIe, victimes de la pollution et des infiltrations d'eau. Après un dernier souffle de vie en 2016, lorsque des militants de Nuit debout se sont emparés des lieux, l'église, qui appartient à la ville a été fermée au public pour des mesures de sécurité.
La mairie de Rouen tente, tant bien que mal, sans moyen, de maintenir les lieux avec notamment des travaux de consolidation de la Flèche qui viennent de s'achever. 280 000 euros investis pour la sécurisation des lieux avec le concours du Département, de la Métropole et de l'État. "On ne fait que coller des rustines depuis des années", se désole Bertrand Rouziès, également membre de l'association la Boise de Saint-Nicaise.
L'église Saint-Nicaise présente la particularité d'intégrer une partie moderne Art-déco sur du gothique flamboyant. - Pierre Durand-Gratian
Trois millions d'euros de travaux
Avec la soixantaine de membres de l'association, il tente de faire du lobbying, de mettre en lumière des projets de restauration, "pour que le dossier reste en haut de la pile", explique Laetitia Auber-Mainot, également habitante du quartier et amoureuse de l'église. Les travaux de sauvegarde nécessaires sont connus. Ils ont été évalués en 2008 à trois millions d'euros par Régis Marin, architecte des monuments historiques, avec comme priorité absolue, la restauration du bas-côté sud.
La Boise Saint-Nicaise le sait. Pour que ces travaux s'engagent, il faut proposer des projets de reconversion concrets de l'édifice, désacralisé en 2012. L'association en met trois sur le tapis : celui d'un espace culturel polyvalent et modulable, d'un centre de formation et de création dédié au jazz ou encore d'un centre d'expertise et de formation de restauration du patrimoine bâti. L'association a sollicité pour la deuxième fois la mission Bern sur le patrimoine pour récolter des fonds. Elle sera fixée au mois de juin. De quoi offrir "un coup de projecteur", estime Bertrand Rouziès, qui permettrait "d'enclencher une dynamique". L'association a d'ailleurs rendez-vous en mairie le 5 avril pour que la ville de Rouen soutienne officiellement la demande auprès de la mission Bern.
La municipalité, qui assure ne pas avoir d'argent à investir dans Saint-Nicaise, compte en revanche lancer un appel à projets pour la restauration et la réhabilitation de l'édifice et de trois autres, également abandonnés à leur sort : l'église Saint-Paul, l'église Sainte-Croix-des-Pelletiers et l'église Saint-Pierre-de-Chatel. Un appel à projets dont les contours exacts seront dévoilés en avril ou en mai au plus tard. Avis aux amateurs.
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