"Au cours de nombreuses années de campagne et de vie publique, j'ai donné d'innombrables poignées de mains, accolades, expressions d'affection, de soutien et de réconfort", a-t-il réagi dans un communiqué.
"Pas une seule fois -- jamais -- je n'ai pensé avoir agi de manière inappropriée", a ajouté ce vétéran de la politique, pour l'instant en tête des sondages sur les primaires démocrates avant même de s'être déclaré. "Si on suggère que c'est le cas, je vais écouter respectueusement. Mais cela n'a jamais été mon intention."
Connu pour être tactile avec les femmes, Joe Biden, 76 ans, a été accusé vendredi par Lucy Flores, 39 ans, ex-élue démocrate de l'Assemblée du Nevada, d'un baiser déplacé en 2014 lors d'un meeting de campagne.
Elle a réitéré ses accusations dimanche sur CNN. "J'ai senti Joe Biden, sorti de nulle part, mettre ses mains sur mes épaules, s'approcher très près de moi par derrière, se pencher, sentir mes cheveux et m'embrasser doucement sur le haut de la tête", a-t-elle raconté. "C'était choquant", "vous ne vous attendez pas à ce genre d'intimité de la part de quelqu'un de si puissant avec lequel vous n'avez aucune relation".
Après avoir laissé son porte-parole le défendre, l'ancien vice-président de Barack Obama est monté en première ligne dimanche.
"Je ne me souviens peut-être pas de ces instants de la même manière", a-t-il écrit dans son communiqué. Mais, selon lui, l'époque a changé et "les femmes sentent qu'elles peuvent et doivent raconter leur vécu, et les hommes doivent les écouter".
"C'est ce que je ferai", a-t-il promis, tout en se présentant comme un "avocat" inlassable de la cause des femmes.
L'accusation n'est pas anodine pour cette première présidentielle depuis le déferlement de la vague #MeToo, qui a fait tomber nombre de personnalités, y compris politiques, pour harcèlement sexuel. D'autant que Joe Biden souffre déjà de l'image du "vieil homme blanc" parmi des candidats démocrates à la jeunesse et à la diversité sans précédent, et a récemment dû s'excuser pour sa gestion controversée de l'audition parlementaire en 1991 d'une femme qui accusait un candidat à la Cour suprême de harcèlement sexuel.
Pour Lucy Flores, qui a soutenu pour la présidentielle de 2016 le socialiste Bernie Sanders, à nouveau candidat aux primaires pour 2020, et qui a assisté samedi au lancement de la campagne d'un autre démocrate, Beto O'Rourke, son communiqué ne suffit pas.
"Si on parle de cela aujourd'hui", "c'est parce qu'il envisage de se présenter à la présidence", a-t-elle reconnu sans détours, estimant qu'il ne s'agissait pas d'un incident isolé et que son comportement avec les femmes le "disqualifiait".
"S'il dit qu'il ne pensait pas que c'était inapproprié, alors franchement il est un peu déconnecté", a ajouté l'accusatrice.
Un soupçon immédiatement repris par Kellyanne Conway, conseillère de Donald Trump à la Maison Blanche. "Je crois que Joe Biden a un gros problème, car il appelle cela affection et poignées de mains" au lieu de "s'excuser", a-t-elle dit sur Fox News.
Mais, signe que la polémique risque de prendre de l'ampleur, des candidats démocrates ont aussi pris leurs distances, au moment où les spéculations vont bon train sur le moment où Joe Biden va officiellement entrer en lice.
"Cela montre qu'il faut fondamentalement changer la culture de ce pays et créer un environnement dans lequel les femmes se sentent à l'aise et en sécurité", a affirmé Bernie Sanders sur la chaîne CBS.
Plus direct, l'ex-gouverneur du Colorado John Hickenlooper a jugé le récit de Lucy Flores "très déconcertant". "Les femmes doivent être écoutées et nous devons commencer à les croire", a-t-il ajouté.
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