Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (04H00 GMT) dans plusieurs villes de l'est de la Turquie, y compris à Diyarbakir a constaté un correspondant de l'AFP. Ils devaient ouvrir une heure plus tard dans le reste du pays.
Alors que la Turquie est confrontée à sa première récession en 10 ans, une inflation record et un chômage en hausse, ce scrutin a valeur de test pour M. Erdogan qui a remporté tous les scrutins depuis l'arrivée au pouvoir de son parti, l'AKP, en 2002.
Si M. Erdogan affirme que "la survie de la nation" est en jeu, appelant à "enterrer dans les urnes" les ennemis du pays, l'opposition appelle à profiter de ce dernier scrutin avant 2023 pour sanctionner la politique économique du pouvoir.
Signe de l'importance de ces élections locales à ses yeux, le président âgé de 65 ans s'est lancé à corps perdu dans la campagne, tenant 102 meetings en 50 jours. Vendredi et samedi, il a prononcé pas moins de 14 discours à Istanbul.
Si le chef de l'Etat a autant mouillé la chemise, c'est parce qu'une défaite "torpillerait le mythe d'invincibilité" dont il jouit, souligne Emre Erdogan, professeur à l'université Bilgi d'Istanbul.
Dimanche, les électeurs doivent élire leurs maires, conseillers municipaux et chefs de quartier ("muhtar").
Une attention particulière sera portée aux 30 municipalités métropolitaines qui constituent le poumon économique du pays, avec plusieurs batailles serrées comme à Bursa (nord-ouest) et Antalya (sud).
Mais les regards seront surtout rivés sur Ankara, la capitale, et sur Istanbul, coeur économique et démographique du pays, où l'hégémonie de l'AKP et de ses prédécesseurs islamistes qui dure depuis 25 ans est aujourd'hui menacée.
"Prix du poivron"
Pour éviter une défaite humiliante à Istanbul, sa ville natale dont où il a été maire de 1994 à 1998, M. Erdogan a dépêché l'ancien Premier ministre Binali Yildirim.
A Ankara, où le président a envoyé un ancien ministre, la situation semble plus compliquée, des sondages donnant une avance franche au candidat de l'opposition, Mansur Yavas.
Conscient que l'inflation d'environ 20% a durement frappé les Turcs, M. Erdogan a demandé aux mairies d'Istanbul et Ankara d'ouvrir leurs propres étals de fruits et légumes vendus à prix cassés.
Mais plutôt que de s'attarder sur les difficultés économiques, qu'il impute à une "opération de l'Occident", il a surtout fait campagne sur le terrain sécuritaire, décrivant un pays cerné par la menace terroriste et les puissances hostiles.
Dimanche, il ne s'agira "pas du prix de l'aubergine, de la tomate ou du poivron", a lancé M. Erdogan lors d'un meeting à Istanbul samedi. "Ce sont des élections pour la survie du pays !", a-t-il dit.
Pour galvaniser la base conservatrice de l'AKP, M. Erdogan a également affirmé qu'il convertirait en mosquée la basilique Sainte-Sophie d'Istanbul, actuellement un musée.
Campagne brutale
Dimanche, deux coalitions s'affronteront: d'un côté, l'AKP de M. Erdogan et ses alliés ultranationalistes du MHP. De l'autre, les sociaux-démocrates du CHP et le parti de droite Iyi.
Ces derniers sont soutenus par les prokurdes du HDP qui n'ont pas présenté de candidat à Istanbul et Ankara pour éviter une dispersion des voix anti-Erdogan.
Pour Mine Ince, partisane du président interrogée par l'AFP lors d'un récent meeting à Istanbul, pas question de voter contre M. Erdogan malgré les déboires économiques : "Nous serons toujours derrière lui", dit-elle.
La campagne pour ce scrutin, le huitième d'un épuisant cycle électoral entamé en 2014, a une nouvelle fois été marquée par la brutalité des discours, M. Erdogan accusant par exemple ses opposants d'être liés au "terrorisme".
Les conditions de campagne ont par ailleurs manqué d'équilibre: les télévisions ont retransmis intégralement les interventions quotidiennes de M. Erdogan, accordant peu de place à l'opposition.
Pour Gareth Jenkins, chercheur au Silk Road Studies Program, cela montre que "l'AKP ne s'estime plus capable de remporter des élections équitables. Et il a sans doute raison".
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