D'un côté l'occupation de la rue, de l'autre la rencontre des élus: les "gilets jaunes" et Emmanuel Macron observent un strict respect de leurs agendas respectifs, sans qu'un dialogue ne semble pouvoir s'établir depuis le lancement du grand débat en janvier pour résoudre cette crise sociale inédite.
Echaudée par les saccages sur les Champs-Elysées lors de l'acte 18, la préfecture de police de Paris a de nouveau interdit samedi les manifestations sur la célèbre avenue, ainsi que dans un périmètre incluant l'Elysée et l'Assemblée nationale.
Deux manifestations et quatre rassemblements ont été déclarés, a indiqué la PP dans un communiqué, sans préciser les lieux. Elle craint néanmoins "des déambulations erratiques" ou des "cortèges sauvages" lors de leurs dispersions.
La nouvelle contravention de 135 euros, à laquelle s'exposent ceux qui braveront l'interdit, reste en vigueur après le rejet vendredi par le Conseil d'Etat du recours de la Ligue des droits de l'homme (LDH).
Des appels à se rassembler place du Châtelet ou Gare de l'Est en fin de matinée pour rallier la place du Trocadéro, ont circulé sur internet.
Face au lourd dispositif policier déployé à Paris, les autorités craignent une délocalisation des heurts dans les villes de province, comme samedi dernier à Nice, où une porte-parole d'Attac avait été blessée dans une charge des forces de l'ordre.
Le procureur a déclaré vendredi que la chute de Geneviève Legay, 73 ans, avait été provoquée par un policier. Ce dernier avait affirmé avoir poussé un homme avant de rectifier son témoignage.
"Diversion"
A Bordeaux, où le centre est comme depuis plusieurs semaines interdit aux "gilets jaunes", le nouveau maire Nicolas Florian a décrété une journée "ville-morte" en se disant "très inquiet de ce qui pourrait se passer". La préfecture a évoqué la présence annoncée de "centaines de casseurs".
A Avignon, la préfecture du Vaucluse, qui craint la présence de "groupes activistes violents", a interdit tout rassemblement ou manifestation de 9H00 à minuit, "intra-muros" et sur plusieurs axes périphériques. Des "gilets jaunes" se sont cependant donné rendez-vous au "Palais des Papes", arguant qu'"il n'est pas interdit de se promener".
A Saint-Etienne, Toulouse, Epinal et Rouen, les préfectures ont également interdit les manifestations pour prévenir violences et pillages. Des défilés ont également été annoncés à Marseille, Rennes, Caen, Rouen, Montbéliard (Doubs), Strasbourg ou encore Nice.
Pendant ce temps, Emmanuel Macron poursuit ses rencontres avec les maires dans le cadre du grand débat, censé pourtant être achevé depuis une semaine. Après la Bretagne mercredi, Emmanuel Macron doit clore jeudi en Corse son tour des régions.
Des députés Les Républicains des Hauts-de-France, qui ont boycotté vendredi son invitation à l'Elysée, ont dénoncé "une manœuvre dilatoire destinée à faire diversion alors que le mécontentement de la population n'a jamais été aussi criant".
Samedi dernier, pour l'acte 19, 40.500 personnes ont manifesté en France, dont 5.000 à Paris, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, contestés par les "gilets jaunes" dont le propre comptage a recensé 127.212 manifestants dans tout le pays.
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