"C'est une décision qu'on regrette. Je peux déjà le dire, on va faire appel", a réagi son avocat, Khéops Lara. Le chauffeur routier de Melun n'était pas présent pour écouter le délibéré, "pour des raisons professionnelles" selon son défenseur.
Cette décision intervient à la veille du 20e samedi de mobilisation de ce mouvement social contestant la politique sociale et fiscale d'Emmanuel Macron entamé mi-novembre. "A priori", Eric Drouet n'y participera pas, a précisé son avocat.
Lors de l'audience, le 15 février, le parquet avait requis un mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende à son encontre. Eric Drouet avait nié avoir organisé des manifestations samedi 22 décembre et mercredi 2 janvier à Paris.
"Je n'ai aucun rôle d'organisateur ou de leader dans ce mouvement", "je suis juste un relais", avait assuré ce père de famille de 34 ans, qui fut l'un des initiateurs de la première mobilisation nationale des "gilets jaunes" le 17 novembre en créant sur Facebook l'événement "Blocage national contre la hausse des carburants".
Plusieurs messages qu'il avait envoyés sur les réseaux sociaux, avaient été lus à l'audience. "On dira au dernier moment" le lieu de rassemblement, "nous irons où nous voulons aller", "c'est demain les amis. (...) Dans le respect de la loi mais pas plus".
"Eric Drouet montre qu'il est un organisateur du mouvement" et devait donc faire une déclaration préalable de manifestation afin de "permettre de préserver l'ordre public", avait soutenu le procureur.
"Evidemment, les revendications sont pacifiques (...). Mais s'inscrire en dehors du cadre légal ne permet pas de mettre en place les conditions pour éviter les débordements", avait insisté le représentant de l'accusation.
Un deuxième procès en juin
Le 22 décembre, Eric Drouet avait signé une déclaration préalable pour une manifestation à Versailles mais s'était finalement rendu à Paris et avait été interpellé non loin des Champs-Élysées.
Quant au 2 janvier, il avait affirmé qu'il voulait "juste se rendre au restaurant" après avoir rendu hommage aux "gilets jaunes" décédés quand il a été interpellé près des Champs-Elysées.
Quelques heures auparavant, il déclarait toutefois dans une vidéo diffusée sur Facebook: "Ce soir, on va pas faire une grosse action, mais on veut choquer l'opinion publique".
"J'attends de voir comment (les juges) ont pu déclarer légale l'arrestation dont il a fait l'objet le 2 janvier", a commenté Khéops Lara, qui lors de l'audience avait fustigé une arrestation "arbitraire" et demandé l'annulation de la procédure.
"Eric Drouet est une figure de la contestation, il n'a jamais contesté avoir un peu d'importance au sein des +gilets jaunes+", a commenté son conseil. "Peut-on se retrouver en garde à vue pour être allé déposer des bougies à la Concorde et rejoindre des amis au restaurant ? Est-ce qu'on peut accepter ça ?", a-t-il poursuivi.
Selon l'avocat, "avec cette condamnation, on veut faire passer un simple citoyen qui manifeste pour un délinquant". "Personne n'est dupe sur qui appelle à la violence. Le ministre (de l'Intérieur) Christophe Castaner a une grande part de responsabilité", a-t-il encore estimé.
Eric Drouet sera à nouveau jugé le 5 juin, cette fois pour port d'arme prohibé, un bâton, lors de la manifestation du 22 décembre.
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