Le texte, conclu entre Londres et Bruxelles en novembre à l'issue de 17 mois de négociations fastidieuses, a déjà été rejeté à la Chambre des communes à deux reprises, en janvier puis en mars.
Pour amener les rebelles de sa majorité à changer d'avis, la Première ministre Theresa May a promis mercredi de céder sa place en cas de résultat favorable.
Ce geste dramatique a convaincu certains "Brexiters" à rentrer dans le rang. Son rival et ancien ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a annoncé son intention de soutenir le texte, de crainte qu'un nouveau rejet aboutisse finalement à l'annulation du Brexit. Il devrait notamment être imité par son collègue Jacob Rees-Mogg, l'influent chef de file du European Research Group, qui regroupe 60 à 85 députés.
Pour autant, la partie est loin d'être gagnée pour la dirigeante conservatrice, arrivée à la tête du gouvernement britannique au lendemain du référendum de juin 2016 qui avait décidé du Brexit.
Son allié au parlement, le petit parti nord-irlandais DUP, qui lui assure une majorité, a encore répété jeudi soir son opposition à l'accord.
"Nous ne pouvons être d'accord avec un texte qui pose un risque stratégique à l'union" de l'Irlande du Nord et de la Grande-Bretagne, a déclaré la cheffe du DUP Arlene Foster dans une vidéo publiée sur Twitter.
En cause, les dispositions relatives au "backstop", ou filet de sécurité, qui prévoient, en l'absence d'autre solution, le maintien du Royaume-Uni dans une union douanière avec l'UE et un alignement plus poussé de Belfast sur les normes européennes, afin d'éviter le retour d'une frontière physique sur l'île d'Irlande.
"Brexit à l'aveugle"
Les dirigeants européens avaient accepté la semaine dernière la requête de Mme May d'un court report du Brexit, prévu initialement le 29 mars, dans l'espoir qu'elle arrive à rassembler une majorité, et lui avaient offert deux options.
Selon la première, l'accord était adopté cette semaine et la date du retrait britannique repoussée jusqu'au 22 mai, la veille des élections européennes. Si l'accord est rejeté, Londres aura jusqu'au 12 avril pour présenter une alternative et demander un nouveau report s'il veut éviter une sortie brutale, sans accord, cauchemar des milieux économiques.
Mais dans ce cas, le Royaume-Uni devra sans doute prendre part aux élections européennes fin mai, une éventualité que Theresa May souhaite absolument éviter.
Contrairement aux deux précédents votes, le gouvernement a décidé de ne présenter qu'une partie de l'accord, le Traité de retrait --qui règle les questions de la frontière irlandaise, des droits des citoyens expatriés et la facture à régler par Londres-- et d'en exclure la Déclaration politique sur la future relation avec l'UE.
Cette astuce lui permet de contourner la règle soulevée par le président de la Chambre des communes, John Bercow, qui interdit de présenter une nouvelle fois au cours de la même session parlementaire un texte déjà rejeté. Ainsi amputée, "la motion est nouvelle, substantiellement différente, et en conformité avec les conditions posées", a estimé le "speaker".
Mais l'opposition a condamné la manœuvre. "Vous ne pouvez pas séparer ces documents à moins de vous engager dans un Brexit à l'aveugle", a dénoncé le leader du Parti travailliste, Jeremy Corbyn.
La loi britannique impose que la Déclaration politique soit également adoptée à la Chambre des communes pour que l'accord soit valable.
Alors que les députés ne devaient pas siéger vendredi, le gouvernement a convoqué une session d'urgence qui doit démarrer à 09H30 GMT avec un vote prévu à 14H30 GMT.
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