Appliquant la doctrine du chef de l'État qui juge incompatible d'être ministre tout en menant campagne, la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, investie mardi tête de liste LREM pour le scrutin européen du 26 mai, a présenté sa démission dès mercredi matin.
Les deux autres départs reflètent une rivalité frontale pour le même poste : le porte-parole Benjamin Griveaux comme le secrétaire d'État au Numérique Mounir Mahjoubi briguent tous deux l'investiture LREM pour les municipales de 2020 à Paris.
Un choix que le parti du président, et le président lui-même, trancheront en juin. Sans attendre, le sénateur Julien Bargeton a annoncé dès mercredi soir se ranger derrière l'ex-porte-parole.
"A partir du moment ou Benjamin Griveaux décide dès ce soir de démissionner, ma candidature, qui ne sert finalement qu'à diviser, n'a plus de sens, parce que je voulais moi qu'elle porte un projet, et je lui apporte mon soutien. je souhaite que le maximum d'adhérents En Marche puissent le soutenir pour lancer cette campagne", a-t-il ajouté sur BFMTV.
L'ancien porte-parole l'a remercié sur Twitter et a fait part de son "émotion" sur son compte Facebook, soulignant que son départ s'était fait "en plein accord avec le président de la République et le Premier ministre", sans toutefois annoncer s'il se lance officiellement dans la course à la mairie de Paris.
A l'inverse, Mounir Mahjoubi, qui depuis longtemps affiche ses ambitions pour Paris, aurait préféré rester au gouvernement plus longtemps possible.
"Partir maintenant serait très lâche". "Il ne faut pas perturber ni les élections européennes ni le grand débat en provoquant un remaniement", a-t-il déclaré à la Tribune vendredi, taclant l'impatience de Benjamin Griveaux. A l'Elysée comme à Matignon, cette sortie a déplu.
D'autres prétendants pour Paris sont sur les rangs, dont les députés Cédric Villani et Hugues Renson et l'élue du IVe arrondissement Anne Lebreton, pressés de se lancer, car un récent sondage donne la maire Anne Hidalgo en tête des intentions de vote.
"Poudre d'escampette"
Avec le départ de Benjamin Griveaux, c'est aussi de nouveau un "Mormon" qui s'éloigne, ce petit groupe de jeunes fidèles qui ont accompagné Emmanuel Macron dans sa conquête du pouvoir.
Dans la matinée, interrogé par la presse avec laquelle il entretient des rapports tendus, le porte-parole avait fait durer le suspense: "J'ai dit que si je devais être candidat, je démissionnerais immédiatement".
Au total, 10 membres du gouvernement sont partis, volontairement ou non, depuis le début du quinquennat. Avant eux, sept ministres ont démissionné en un an et demi, une concentration de départs inédite en début de mandat. Parmi eux, on compte trois ministres d'Etat, François Bayrou, Nicolas Hulot et Gérard Collomb.
"Je constate que trois de ses ministres on décidé de prendre la poudre d'escampette. On peut s'étonner que les gens quittent le navire. C'est un président qui doit faire face à un très grand nombre de départ. Visiblement, ils privilégient d'autre ambitions, qui sont nobles certes, mais c'est quand même un peu bizarre", a critiqué un autre candidat à la mairie de Paris, l'ex-conseiller de Hollande Gaspard Gantzer.
"Le sentiment que ça donne c'est que l'ambition personnelle compte peut-être plus" que le gouvernement, a critiqué le candidat du PCF aux européennes, Ian Brossat.
Parité
L'Élysée n'a pas encore indiqué les noms des remplaçants, qui devaient être nommés d'ici lundi, date du prochain conseil des ministres. Mais probablement pas avant vendredi, après le retour d'Edouard Philippe du Qatar, selon des sources gouvernementales.
Parmi les favoris pour les Affaires européennes figure Clément Beaune, conseiller Europe d'Emmanuel Macron. Pour le porte-parolat, trois membres du gouvernement sont sur les rangs, Emmanuelle Wargon, Marc Fesneau et Gabriel Attal.
Le chef de l'État devra aussi veiller à la parité qu'il prône, mise à mal depuis l'entrée au gouvernement en janvier d'Adrien Taquet (Protection de l'enfance). Le gouvernement comptait jusqu'à ce jour dix-neuf hommes, y compris le Premier ministre, et dix-sept femmes.
Difficile aussi cette fois pour Emmanuel Macron, en cette période pré-électorale, de laisser traîner les nominations en longueur.
"J'espère qu'Emmanuel Macron a bien réfléchi pour ce remaniement, il avait attendu deux semaines pour nommer Castaner à Beauvau, au regard de ses résultats il aurait peut-être dû réfléchir un peu plus longtemps", a ironisé le député LR Eric Ciotti.
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