Un mois après le désistement du groupe franco-belge Altifort, qui avait fait l'effet d'une douche froide, les 281 salariés du site étaient suspendus à cette nouvelle décision de justice. La chambre commerciale du TGI de Strasbourg a donné un nouveau délai, jusqu'au 24 avril, a annoncé l'avocat d'Ascoval, Me Guilhem Brémond.
Le conseil n'a pas souhaité "faire de commentaires" quant au nombre ou au contenu des offres déposées, mais selon l'administrateur judiciaire d'Ascoval, Philippe Jeannerot, elles sont au nombre de trois.
Il s'agit du sidérurgiste britannique Bristish Steel, du fabricant italien d'aciers spéciaux Calvi Networks et du fonds Secufund Industry, a-t-il précisé, confirmant des informations par des sources proches du dossier en début de semaine, qui évoquaient également le dépôt de deux marques d'intérêt.
Candidats "solides"
Les deux premières offres "se détachent" car elles proviennent de candidats "solides", a-t-il ajouté. L'une et l'autre reprendraient l'intégralité des effectifs, contrairement à Secufund, a précisé M. Jeannerot.
Mais il faut encore "que les candidats +précisent+ le contenu industriel de leur projet", notamment les volumes de production qu'ils pourront apporter, a nuancé l'administrateur.
Ces volumes "s'additionneraient" à ceux d'Ascoval, a précisé son PDG, Cédric Orban. "Les neuf clients que nous servons représentent des commandes de 100.000 tonnes par an et notre travail (de prospection) aboutit à identifier un potentiel de 500.000 tonnes par an à partir de 2021", alors qu'Ascoval atteignait récemment un rythme de 200.000 tonnes par an, a-t-il ajouté.
Bercy prête une grande attention à ce dossier: la secrétaire d'Etat à l'Economie, Agnès Pannier-Runacher, a assuré mercredi dans un tweet que "le gouvernement et les services de l'Etat seront résolument aux côtés des repreneurs potentiels et des collectivités pour lever toutes les conditions suspensives et apporter une réponse pérenne aux salariés d'Ascoval et à leurs familles".
"D'ici au 24 avril, chaque jour compte !", a-t-elle ajouté.
Pour les syndicats, nul doute que l'audience du 24 avril sera celle de la dernière chance, alors que le moral des salariés est miné par les multiples rebondissements qu'a connu le dossier.
"Borderline"
"Il n'y aura pas de nouveau report, (l'audience du 24 avril) sera l'audience finale (…) Humainement c'est très dur, et psychologiquement, on est +borderline+", a déclaré Bruno Kopczynski, porte-parole de l'intersyndicale, présent à Strasbourg.
Pour Nacim Bardi, délégué syndical CGT resté à Saint-Saulve, ce report est "une bonne nouvelle". Se réjouissant que deux offres "sérieuses" aient été déposées, il estime aussi que l'audience du 24 avril décidera du sort d'Ascoval.
"Nous, ce que l'on veut surtout, c'est un projet avec une structure financière solide, pour traverser la zone de perturbations de la première année après la reprise", a-t-il dit à l'AFP, expliquant que chacun des candidats serait auditionné séparément par le comité d'entreprise la semaine prochaine.
Créée en 1975 par Vallourec et devenue Ascoval en 2017, l'aciérie de Saint-Saulve, en sous-activité depuis vendredi et jusqu'au 15 avril, attend un repreneur depuis la liquidation judiciaire en février 2018 du groupe Asco Industries, auquel le sidérurgiste Vallourec avait cédé 60% de l'usine, tout en conservant 40% des engagements de commandes.
Mi-décembre, le tribunal de Strasbourg avait mis fin à un long suspense en validant la reprise de l'usine par Altifort. Mais, à la surprise générale, le projet avait échoué en février, le groupe franco-belge n'ayant pas réussi à réunir les 35 millions d'euros qu'il s'était engagé à apporter. Le tribunal de Strasbourg avait alors accordé un nouveau sursis d'un mois à l'aciérie.
"L'intérêt porté à l'usine d'Ascoval, quelques semaines seulement après l'échec du projet d'Altifort, confirme la qualité et l'intérêt de cette usine", avait estimé Bercy, saluant "l'attitude très responsable du personnel de l'aciérie".
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