Alors que ce pays aux réserves pétrolières les plus importantes de la planète se remettait à peine de la première mégapanne du 7 au 14 mars, il était à nouveau à l'arrêt depuis lundi après-midi. Ce qui a contraint le gouvernement à prolonger jusqu'à mercredi soir la fermeture des établissements éducatifs et des administrations.
Nicolas Maduro a dénoncé sur Twitter un "incendie de grande envergure" visant la centrale de Guri (sud), qui fournit environ 80% de l'électricité du Venezuela (30 millions d'habitants), et provoqué selon lui par des "terroristes" afin de "déstabiliser" son gouvernement.
Son ministre de la Communication Jorge Rodriguez a diffusé sur le même réseau social des photos et des vidéos d'installations électriques en proie aux flammes.
Une version officielle rejetée par Juan Guaido, reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis: "Il n'y a aucune explication sensée, crédible (...), ce n'est plus une cyber-attaque ou une impulsion électromagnétique, à présent c'est un sabotage, alors que l'armée garde chacune des installations électriques", a-t-il lancé à la tribune de l'Assemblée nationale, seule institution contrôlée par l'opposition.
A Caracas et dans de nombreuses villes du pays, les rues étaient en grande partie vides et les magasins fermés. Dans la capitale, de très rares bus circulaient et les stations de métro étaient fermées, a constaté l'AFP.
21 Etats touchés sur 23
"C'est une vraie catastrophe, une crise humanitaire, ici on râcle les fonds de tiroir", s'est plaint Noé de Souza, 36 ans, patron d'une des rares boulangeries ouvertes de la capitale, qui se pressait d'écouler son pain en promotion.
La panne a débuté lundi à 13H20 (17H20 GMT) à Caracas, mégalopole de cinq millions d'habitants soudainement privés d'eau, de transports publics, de téléphones et d'internet, et de terminaux bancaires, vitaux dans un pays où l'argent liquide est rare en raison de l'hyperinflation.
Elle touchait mardi 21 des 23 Etats du pays, selon des utilisateurs des réseaux sociaux faisant état de la situation chez eux. Le gouvernement ne communique pas sur l'ampleur de la panne.
Les pannes d'électricité sont fréquentes ces dernières années dans le pays pétrolier, jadis le plus prospère d'Amérique du Sud, et le gouvernement les attribue systématiquement à des sabotages de la part de l'opposition ou des attaques extérieures.
Cette nouvelle panne est un coup dur pour l'économie vénézuélienne, en crise profonde.
Celle de début mars avait notamment paralysé l'activité portuaire du pays, cruciale pour ses exportations de pétrole, et créé une situation chaotique dans les établissements de soins, seule la moitié des hôpitaux du pays étant équipés de générateurs. Les écoles et les administrations étaient restées fermées pendant sept jours.
Deux avions russes
Outre le manque de courant, la présence de troupes russes sur le sol vénézuélien électrise aussi le climat politique.
"Il semble que (le gouvernement de Nicolas Maduro) n'ait pas confiance en ses propres militaires, car il les fait venir de l'étranger (...) Ils violent à nouveau la Constitution", s'est élevé Juan Guaido devant l'Assemblée.
La majorité parlementaire "a rejeté à l'unanimité la présence de militaires russes au Venezuela (...), qualifiée d'ingérence à la souveraineté nationale qui viole la Constitution de manière flagrante", a ensuite indiqué l'institution dans un communiqué. Selon la loi, le Parlement a son mot à dire pour toute mission militaire étrangère sur le sol vénézuélien.
La Russie "est en train de renforcer sa coopération avec le Venezuela en accord avec la Constitution de ce pays et dans le cadre de la loi", avait expliqué un peu plus tôt la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.
Pour cela, deux avions russes transportant une centaine de militaires et 35 tonnes de matériel sont arrivés à Caracas, avait annoncé dimanche l'agence russe Sputnik. Ce qui a donné lieu à une passe d'armes lundi entre Washington et Moscou.
Le groupe de Lima, composé de 13 pays latino-américains et du Canada, a fait part de sa "préoccupation" concernant la présence de troupes russes, et "condamné toute provocation".
A Washington, le vice-président américain Mike Pence doit recevoir mercredi à 14H00 GMT Fabiana Rosales de Guaido, l'épouse de M. Guaido, selon la délégation de celui-ci aux Etats-Unis.
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