Les révélations de Paris-Normandie et de Radio France au sujet de photos que le maire du Havre (Seine-Maritime) aurait envoyé à plusieurs femmes sans leur consentement, sont l'occasion de s'interroger sur la liberté de parole des femmes. Certains des faits reprochés à Luc Lemonnier datent en effet du début des années 2010 mais ne remontent à la surface qu'en ce mois de mars 2019.
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Ce délai, comme dans de nombreuses affaires, peut s'expliquer par la difficulté encore aujourd'hui pour les femmes de parler mais aussi de se faire entendre. C'est le constat que fait régulièrement Claudine Bultez, engagée dans plusieurs associations féministes au Havre.
"Il n'y a pas grand chose qui avance"
"Il y a des mouvements réguliers et de manière récurrente [#metoo par exemple, NDLR] car il n'y a pas grand chose qui avance par rapport à la libération de la parole des femmes. Pourtant, j'ai moi-même été séduite le 24 novembre quand on a tous manifesté pour dire qu'il faut oser parler, s'ériger contre les violences faites aux femmes mais nous avons visiblement encore plein de freins."
Elle cite alors tour à tour la peur de perdre son travail, de perdre la reconnaissance de son entourage ou encore le sentiment de culpabilité, encore très présent dans "l'inconscient collectif" selon elle.
"Sortir du rôle de victime"
Claudine Bultez incite les victimes de violences, d'insultes, d'agressions, etc. à prendre la parole pour justement "sortir de ce rôle de victime". "Ça va vous aider vous et ça peut aussi aider d'autres femmes." Elle invite à se rendre dans une association pour trouver du soutien et à porter plainte, "même si je sais évidemment que ce n'est jamais facile de parler".
D'autant qu'il n'est pas toujours évident de trouver du soutien. "Dans l'affaire Luc Lemonnier, plusieurs femmes ont essayé de parler mais on a un problème en France de réception de cette parole, témoigne l'ancienne députée Isabelle Attard. On s'aperçoit qu'une fois que les femmes parlent, l'action n'est pas là. Vers qui une femme peut-elle aller parler sans risquer de perdre sa place ? Sans risquer de voir sa réputation souillée ?"
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