"Le choix de l'évidence et de la raison au XXIe siècle est là, dans un partenariat eurochinois fort, défini sur des bases claires, exigeantes et ambitieuses", a déclaré lundi Emmanuel Macron à l'issue d'un entretien avec son homologue chinois à l'Elysée, appelant à une Europe "unie" autour "d'une stratégie cohérente dans le dialogue avec la Chine".
L'enjeu de cette réunion mardi matin (et avant le prochain sommet UE-Chine le 9 avril à Bruxelles) est double pour le Vieux continent: il s'agit de se poser face à la Chine en interlocuteur crédible pour tenter de la persuader de canaliser ses ambitions économiques et diplomatiques dans les règles du multilatéralisme et, d'autre part, d'essayer d'unifier une Europe divisée face aux appétits de Pékin, que la Commission européenne qualifie de "rival systémique".
"Il faut renforcer l'unité des Européens par rapport aux grandes puissances comme la Chine ou les Etats-Unis. Pour cela, travailler dans le cadre du couple franco-allemand et de l'UE", résume une source du palais présidentiel français, ajoutant qu'il faut aussi "construire avec la Chine un agenda positif, notamment dans le climat, dans le cadre d'un multilatéralisme en crise".
L'UE se sent prise en tenaille entre Donald Trump et son approche contractuelle des relations internationales d'un côté, et l'expansion chinoise, incarnée par son projet de "nouvelles routes de la soie" et ses investissements massifs un peu partout dans le monde et en Europe, comme en Italie, dernier pays à s'être laissé séduire.
"Le monde traverse des mutations inédites : la Chine, la France et l'Europe sont toutes à un moment crucial de leur développement", a estimé lundi après-midi Xi Jinping, au premier jour de sa visite officielle en France, après être passé par l'Italie et Monaco.
"Enjeux de notre temps"
Alors que la France souhaite mettre la lutte contre le changement climatique au coeur de cette revitalisation du multilatéralisme, M. Xi a déclaré : "je viens en France avec la volonté de travailler pour que notre partenariat stratégique global soit à la pointe des enjeux de notre temps".
Depuis l'avènement de Donald Trump, Xi Jinping aime à se présenter comme un acteur classique du concert des nations. Le dirigeant communiste s'est même fait applaudir au forum de Davos en 2016 par le gratin du libéralisme économique mondial.
Pour autant, son projet d'infrastructures de transport vers l'Ouest, son approche très bilatérale, négociant avec chaque pays, et ses investissements dans des actifs stratégiques, inquiète et divise en Europe, où la Chine a investi au moins 145 milliards d'euros depuis 2010.
"L'Europe a un besoin urgent d'une stratégie pour la Chine, une stratégie digne de ce nom", a déclaré dimanche le commissaire européen allemand Gunther Oettinger, disant par exemple voir "avec inquiétude qu'en Italie et dans d'autres pays européens, des infrastructures d'importance stratégique comme les réseaux d'électricité, les lignes ferroviaires à grande vitesse ou les ports ne sont plus dans des mains européennes mais chinoises".
"Si certains pays croient pouvoir faire de bonnes affaires avec les Chinois, ils seront surpris quand ils s'apercevront qu'ils sont devenus dépendants", a mis en garde le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.
Mais les Chinois affirment au contraire que leurs investissements dans les pays d'Europe sont favorables à l'unité de l'Union.
"La Chine soutiendra toujours l'intégration européenne et son développement", a déclaré M. Xi.
"Les pays qui manquent d'élan économique, comme le Portugal, l'Italie ou la Grèce, sont marginalisés dans l'intégration économique régionale. Coopérer avec la Chine les aidera à regagner de la vitalité économique et faire entendre leur voix dans les affaires régionales", résumait dimanche le journal chinois de langue anglaise Global Times.
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