Deux jours après les faits, le président de la République a souhaité à la septuagénaire un "prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse": "Quand on est fragile, qu'on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci", a estimé le chef de l'Etat dans un entretien à Nice-Matin.
Même son de cloche chez le maire LR de Nice. "Ça suffit de taper sur la police! Il y avait une interdiction de manifester. Je souhaite un prompt rétablissement à cette dame qui (...) aurait pu parfaitement manifester à 14H00 là où c'était autorisé", a déclaré Christian Estrosi. M. Estrosi avait interpellé le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner pour faire interdire toute manifestation dans sa ville au cours du week-end, après un appel national des "gilets jaunes" à se rendre à Nice et en prévision de la venue du président chinois Xi Jinping.
Samedi, Geneviève Legay, une porte-parole de l'association Attac dans les Alpes-Maritimes, a été grièvement blessée à la tête dans la dispersion d'une manifestation de "gilets jaunes" place Garibaldi, en plein centre de Nice, dans un périmètre interdit par arrêté préfectoral à toute manifestation. Un rassemblement de soutien doit s'y tenir lundi en fin d'après-midi.
Une enquête a été ouverte pour déterminer précisément le déroulé des faits qui ont valu à Mme Legay d'être hospitalisée pour de multiples fractures au crâne depuis samedi. Sa famille doit déposer plainte à Nice en début d'après-midi, pour "violence en réunion avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique contre personne vulnérable". Cette plainte visera également le préfet, a annoncé l'avocat de la famille Arié Alimi. L'association Attac a également annoncé son intention de déposer une plainte.
"Comment ose-t-il?"
"Qu'il y ait une interdiction de manifester, que la manifestation soit faite sans déclaration, cela importe peu: du point de vue du droit, la question est de savoir si la charge des forces de l'ordre était proportionnée, ou pas et si l'infraction [de la part des policiers] est constituée", a de son côté souligné l'avocat de la famille Legay Me Alimi.
Me Alimi a aussi fustigé les propos du président de la République, les jugeant "grossiers et indélicats": "Ca me rappelle un peu les propos de Robert Pandraud à l'égard de la famille de Malik Oussekine", a-t-il ajouté, dans une référence au ministre délégué à l'Intérieur après les manifestations étudiantes de 1986 au cours desquels le jeune homme avait été tué par des policiers.
"On ne critique par quelqu'un qui est sur un lit d'hôpital et nos aînés ont le droit d'exprimer leurs convictions politiques", a ajouté Me Alimi.
La réaction du chef de l'Etat a également suscité des critiques virulentes dans le monde politique, la France insoumise et le Parti communiste critiquant notamment son supposé "mépris".
"Monsieur Macron, notre Geneviève de Nice n'a pas besoin de vos leçons de sagesse. Vous auriez beaucoup à apprendre d'elle. Elle milite pour le bien des autres. Et vous, vous la frappez au nom de quoi ?", a lancé sur Twitter Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de LFI.
"Le président de la République est à deux doigts d'expliquer qu'elle l'a bien cherché. Comment ose-t-il ?", s'est insurgé la tête de liste PCF pour les européennes Ian Brossat dans un tweet, tandis que le secrétaire national Fabien Roussel regrettait qu'"avec Macron, nos retraités sont tout juste bons à se taire et à accepter en silence de gagner moins, de travailler plus et plus longtemps".
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