Pour l'heure, les partis s'abstiennent de crier victoire, dans l'attente d'une conférence de presse de la Commission électorale annoncée pour 14H00 (07H00 GMT), après ces premières élections depuis le coup d'Etat militaire de 2014.
Des accusations d'achats de vote et de partialité de la Commission électorale, nommée par la junte, se multiplient, sans que pour l'heure l'opposition ne monte au créneau.
Selon les derniers résultats partiels - 94% des bulletins -, sur un total de plus de 50 millions d'électeurs plus de 7,6 millions ont voté pour le parti de la junte, le Palang Pracharat. Arrive juste derrière lui le plus grand parti d'opposition, le Pheu Thai, avec 7,2 millions de voix.
Le Pheu Thai, parti de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra en exil, est habitué à remporter haut la main toutes les élections nationales depuis près de vingt ans, et le bon score du parti de la junte a créé la surprise.
"Tant que nous respirerons, nous n'abandonnerons pas", a commenté Thaksin sur Facebook.
Il peut encore gagner, grâce au jeu des alliances et à un système électoral complexe, non proportionnel au nombre de voix enregistrées.
Mais le parti de la junte part avec un avantage de poids: il suffit cependant au Palang Pracharat d'obtenir 126 sièges sur les 500 que compte la Chambre des représentants pour garder le contrôle du pays, car la junte est assurée du soutien des 250 sénateurs, qu'elle nomme.
Le Pheu Thai devrait quant à lui gagner 376 sièges pour pouvoir former un gouvernement, malgré l'hostilité des 250 sénateurs pro-junte.
La presse thaïlandaise soulignait lundi la difficulté qu'auront les vainqueurs d'un bord ou de l'autre à former une coalition gouvernementale, avec ces nouvelles règles électorales qui limitent les chances de voir un seul parti acquérir à lui seul une majorité parlementaire confortable, édictées spécialement pour limiter le succès du Pheu Thai.
Le chef de la junte, le général "Prayut Chan-O-Cha, est content mais les résultats sont très proches" entre les deux grands partis, souligne le journal Matichon, l'écart entre le Pheu Thai et le Palang Pracharat tenant dans un mouchoir de poche.
Le journal Khaosod prédit lui aussi une "course serrée" entre les deux grands partis et relève au passage "l'extinction" du Parti démocrate, traditionnelle formation des conservateurs, supplantée par le parti créé par la junte.
Autre surprise de ce scrutin, le bon résultat du nouveau parti d'opposition Future Forward, populaire auprès des jeunes, avec plus de 5,3 millions de suffrages, qui pourrait se retrouver en position d'arbitre.
Depuis des années, la Thaïlande est profondément divisée entre des factions favorables à la famille influente des Shinawatra (les "rouges") et une élite conservatrice alignée sur l'armée (les "jaunes") qui se présente comme un gage de stabilité et de protection de la monarchie.
Achats de votes?
Pour l'heure, l'opposition est restée discrète quant aux allégations d'achats de vote et de partialité de la Commission électorale, nommée par la junte.
Mais sur les réseaux sociaux, la colère s'exprime, avec notamment une pétition en ligne ayant déjà recueilli plus de 270.000 signatures, demandant la dissolution de la commission électorale, "la plus corrompue de l'Histoire de la Thaïlande".
"Les rapports que nous avons entendus sont très alarmants. Il y a eu des signalements d'achat de votes, d'irrégularités dans le dépouillement et d'intimidation des membres des partis d'opposition", a dénoncé lundi Sunai Phasuk, de l'ONG Human Rights Watch.
A cela s'ajoute, depuis des semaines, "une concurrence inéquitable en faveur du Parti Palang Pracharat", grâce à un "contrôle des ressources de l'Etat, de l'accès aux médias d'Etat", souligne-t-il, évoquant les effets d'annonces de la junte, comme des subventions aux retraités ou aux agriculteurs.
Populaires dans les régions rurales et pauvres peuplées du nord et du nord-est, les partis "rouges" ont remporté toutes les élections depuis 2001, mais ils sont privés sur le terrain de leurs figures emblématiques: Thaksin Shinawatra et sa soeur Yingluck, évincés par des coups d'Etat en 2006 et 2014, vivent en exil pour échapper à des poursuites qu'ils jugent politiques.
A la moindre consigne à leurs partisans de descendre dans la rue pour contester les résultats du scrutin, la Thaïlande pourrait retomber dans un de ces cycles de violences dont son histoire récente est émaillée.
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