"C'est un désastre naturel sans précédent. La zone affectée (au Mozambique) est d'environ 3.000 km2. Un désastre qui équivaut aux catastrophes majeures", a estimé samedi le ministre mozambicain de l'Environnement, Celso Correia.
"Malheureusement, personne dans la région ni dans le monde ne pouvait prédire un désastre d'une telle ampleur", a-t-il ajouté depuis Beira (centre), la deuxième ville du Mozambique, partiellement dévastée par les intempéries.
Selon le dernier bilan des autorités mozambicaines, Idai, qui a balayé la semaine dernière l'Afrique australe, a fait 417 morts au Mozambique, pays le plus touché.
Au Zimbabwe, 259 personnes ont été tuées et près de 200, dont 30 écoliers, sont toujours portées disparues.
Mais le bilan final sera "bien plus élevé" car "de nombreuses régions sont encore inaccessibles", a prévenu samedi la directrice générale de l'Unicef, Henrietta Fore.
"La situation va encore empirer avant de s'améliorer", a-t-elle mis en garde. "Les agences humanitaires commencent à peine à voir l'ampleur des dégâts. Des villages entiers sont été submergés, des immeubles rasés, des écoles et des centres de santé détruits", a-t-elle ajouté.
Les opérations de secours et d'acheminement de l'aide, avec hélicoptères, bateaux militaires, pneumatiques, de pêche, se poursuivaient samedi dans des conditions difficiles, compte tenu de l'effondrement de nombreuses routes et ponts.
"On n'a rien, les gens meurent comme des chèvres ou des poules. On n'a aucune aide. On meurt de faim", implore un habitant du district de Buzi (centre), l'un des plus touchés au Mozambique.
"Je suis en vie, mais j'ai tout perdu", témoigne Maria Maposa, évacuée en bateau de cette zone.
Samedi matin, une centaine de rescapés de Buzi sont arrivés au port de Beira, où ils ont reçu une soupe et des habits, a constaté un journaliste de l'AFP.
Nombre d'entre eux avaient besoin de soins après avoir été blessés par des tôles soulevées par des rafales de vent proches de 200 km/heure.
Au total, ce sont environ 2 millions de personnes qui sont affectées par le cyclone et ses inondations en Afrique australe.
Risques de maladies
"Il n'y a plus personne bloqué dans des arbres", a affirmé samedi Sebastian Stampa du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).
Mais "il y a encore des gens sur les toits" qui ont refusé d'être hélitreuillés, a-t-il ajouté, expliquant qu'ils survivaient en faisant sécher de la nourriture sur des tôles ou des toits-terrasses.
La décrue se poursuivait samedi. Mais Ocha a mis en garde contre de possibles nouvelles inondations en cas de fortes pluies.
A Beira, ville d'un demi-million d'habitants, la population s'attelait à déblayer et reconstruire.
L'électricité était progressivement rétablie dans certains quartiers. L'hôpital a de nouveau été connecté au réseau, selon Celso Correia.
La principale route qui conduit à Beira devrait être accessible dimanche et la voie ferrée est de nouveau utilisable depuis vendredi, "ce qui signifie que l'aide peut arriver plus facilement", s'est-il réjoui.
Des habitants ont commencé à reconstruire avec les moyens du bord des tôles gondolées emportées par le vent, des habitations de fortune.
Dans plusieurs écoles de la ville réquisitionnées, des milliers de rescapés s'entassaient, laissant craindre des épidémies.
"La promiscuité dans les centres d'hébergement, le manque d'hygiène, les eaux stagnantes et infectées posent des risques de maladies comme le choléra, le paludisme et les diarrhées", a prévenu l'Unicef.
Des informations contradictoires circulaient sur d'éventuels cas de choléra.
Le programme alimentaire mondial (Pam), qui distribue la nourriture, a déclenché son niveau d'urgence 3, équivalent aux crises au Yémen, en Syrie ou encore au Sud-Soudan
"Des dizaines de milliers de personnes ont tout perdu. Avec l'étendue des dégâts qui se précise, le nombre de personnes dans le besoin augmente. On doit faire plus", a estimé le porte-parole du Pam, Herve Verhoosel.
Au Zimbabwe, les rescapés continuaient ce week-end à enterrer leurs morts, tandis que 120 corps ont été emportés par les eaux au Mozambique, selon Ocha.
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