Les scènes de saccages et de pillages sur la célèbre avenue parisienne ont mis sous pression les autorités qui veulent reprendre la main en promettant davantage de "fermeté".
Après avoir ordonné une purge à la tête de la préfecture de Paris, tenue pour responsable des "dysfonctionnements" de l'acte 18, l'exécutif a interdit les manifestations dans plusieurs lieux emblématiques à Paris, Nice ou Bordeaux et annoncé le renfort de militaires de la force antiterroriste Sentinelle.
Depuis cette décision surprise mercredi, les autorités tentent de déminer la polémique en martelant que ces soldats auront pour seule mission de protéger les bâtiments officiels et sites sensibles, afin de décharger les policiers.
Face au tollé politique, le chef de l'Etat a dénoncé depuis Bruxelles "un faux débat" provoqué par "ceux qui jouent à se faire peur et à faire peur", assurant que l'armée n'est "en aucun cas en charge du maintien de l'ordre".
L'argument n'a guère convaincu les "gilets jaunes", mobilisés depuis plus de quatre mois contre la politique du gouvernement.
"La guerre est déclarée", proclame ainsi une page Facebook qui appelle au rassemblement sur les Champs-Elysées dès 10H00, pour lequel plus de 3.000 personnes se disent "intéressées" malgré l'interdiction préfectorale.
Sur décision du nouveau préfet de police Didier Lallement, aucun "gilet jaune" n'est autorisé à défiler sur la célèbre avenue, ses abords et la place de l'Etoile ainsi que dans un périmètre incluant le palais de l'Elysée et l'Assemblée nationale.
Une quinzaine d'autres villes sont aussi concernées par des interdictions similaires.
Les "gilets jaunes" n'auront ainsi pas droit de cité sur la place du Capitole à Toulouse et dans le centre-ville de Bordeaux, théâtres réguliers de violences depuis le début du mouvement le 17 novembre.
"Nous appelons à manifester et si on peut aller au Capitole, on ira", a affirmé Cédric Caubère, secrétaire départemental de la CGT, qui a renoncé à déclarer un rassemblement sur la place.
L'ultra-gauche en province ?
A Nice, où le président chinois Xi Jinping doit rencontrer Emmanuel Macron dimanche, l'interdiction de manifester, justifiée par "le risque manifeste de trouble à l'ordre public", s'étend sur une grande partie de l'agglomération niçoise, dont la Promenade des Anglais.
"On voulait manifester sur la Prom' sous les fenêtres du président chinois. Maintenant, on veut manifester dans la ville et si c'est pas possible, on aura un souci (...) mais il n'y a jamais eu de débordements à Nice, et il n'y a pas de raisons que ça change", assure le "gilet jaune" local Stéphane Glaza.
Si "des attroupements sont constatés" dans ces zones, il y aura "interpellation et amende", a promis le secrétaire d'État à l'Intérieur Laurent Nuñez. Les contraventions encourues en cas de participation à une manifestation interdite ont été portées de 38 à 135 euros par un décret jeudi.
Un recours en urgence déposé par la Ligue des droits de l'Homme contre ce texte sera examiné mercredi au Conseil d'Etat.
Samedi dernier, 32.000 "gilets jaunes", dont 10.000 à Paris, ont été recensés selon les autorités, un chiffre contesté par le mouvement qui a revendiqué de son côté 230.766 manifestants.
Dans la capitale, la seule manifestation déclarée doit relier à partir de 13H Denfert-Rochereau, au sud, au Sacré-Coeur, au nord, selon la préfecture de police.
Des appels à des rassemblements régionaux ont par ailleurs été lancés, notamment à Saint-Brieuc, Montpellier et La Rochelle où la police craint "des actions de dégradations massives et d'atteintes physiques aux forces de l'ordre". L'ultra gauche, présente en force à Paris samedi dernier, "veut se mobiliser mais en privilégiant les manifestations régionales", confirme une source policière.
Parmi les figures du mouvement, Priscillia Ludosky et Maxime Nicolle doivent participer à une marche dans la matinée entre Tourcoing et Lille, où une manifestation est prévue dans l'après-midi.
Eric Drouet avait, lui, annoncé au lendemain de l'acte 18 qu'il ne participerait plus aux "manifestations déclarées" et aux "marches".
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