Le cyclone Idai, qui a balayé la semaine dernière le Mozambique puis le Zimbabwe, a fait près de 400 morts et affecté des centaines de milliers de personnes. Nombre d'entre elles ont perdu maisons, récoltes ou encore vêtements.
"Le temps presse, on est à un moment critique", a déclaré vendredi à l'AFP la directrice de l'Unicef, Henrietta Fore, arrivée au Mozambique pour constater les dégâts.
Après le déblayage des grands axes et le sauvetage des personnes encore bloquées dans les zones inondées, "la prochaine étape est d'avoir accès à de l'eau potable, parce que ce qui nous attend, ce sont des maladies", a-t-elle mis en garde depuis la ville de Beira (centre), en partie dévastée par le cyclone.
Evoquant "des corps décomposés et un manque d'hygiène et d'installations sanitaires", elle a également fait part de son inquiétude quant aux risques de choléra et de paludisme compte tenu de "l'eau stagnante et des moustiques qui arrivent".
Mais l'acheminement de l'aide auprès de rescapés affamés se fait de façon chaotique.
A Dondo, dans le centre du Mozambique, des centaines de personnes se sont précipitées jeudi pour recevoir une ration dans une école transformée en camp de déplacés, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"J'ai des enfants, j'ai quatre enfants et ils vont manger du pain ? Donnez moi un sac de nourriture", a lancé un homme, la faim au ventre.
Devant l'ampleur des dégâts, les humanitaires reconnaissent être débordés.
"Cela va prendre des mois"
"L'étendue du problème est au-delà des moyens de n'importe quel pays ou de n'importe quel gouvernement", a expliqué à l'AFP Gerry Bourke, porte-parole du PAM. "Cela va prendre des mois avant d'atteindre une phase où la plupart des gens qui ont besoin d'aide sont effectivement aidés".
Devant l'ampleur des dégâts, l'organisation a lancé vendredi un appel à la solidarité internationale: "Le PAM a besoin d'un soutien financier immédiat de la part des Etats et des citoyens, pour faire parvenir à des centaines de milliers de personnes une aide humanitaire vitale. Maintenant".
Une conférence de donateurs est prévue le 11 avril à Beira.
De son côté, le HCR a mobilisé ses réserves d'urgence pour venir en aide à 30.000 personnes: distribution de tentes, sacs de couchage, ustensiles de cuisine, moustiquaires, lampes solaires, savon...
Vendredi, les autorités mozambicaines étaient toujours dans la phase d'évaluation des dégâts, une semaine après le passage d'Idai. Un nouveau bilan officiel dénombre 293 morts et 350.000 personnes affectées. Trente mille habitations ont été totalement ou partiellement détruites.
A compter de ce vendredi, les secours doivent utiliser des drones pour inspecter les zones inondées. "On aura une meilleure idée des zones touchées", a expliqué le ministre mozambicain de l'Environnement, Celso Correia, ajoutant que des nouveaux camps de déplacés devaient être mis en place d'ici samedi.
Dans le ciel, les hélicoptères continuaient leur ballet pour retrouver des sinistrés toujours bloqués au milieu de vastes étendues d'eau.
Des écoles, hôtels, églises ont été réquisitionnées pour être transformés en centre d'hébergement au Mozambique et au Zimbabwe.
"A cause du cyclone, toutes nos maisons sont détruites", a témoigné José Macuisa à Dondo. "Et on n'a rien pour recommencer la reconstruction".
"On recommence de zéro"
A Beira (est du Mozambique), la deuxième ville du pays, la vie reprenait progressivement ses droits. Des queues se formaient vendredi devant quelques banques qui ont rouvert.
"Je dois me battre pour que mes enfants aient quelque chose à manger", a témoigné Celeste Dambo, qui a trouvé refuge dans l'école secondaire Samor Machel à Beira, où les salles de classe ont été transformées en dortoirs improvisés, accueillant un millier de personnes.
Les opérations de reconstruction ont aussi débuté lentement. Des habitants fouillaient dans les décombres d'un supermarché pour récupérer des tôles afin de fabriquer des logements de fortune.
Des techniciens s'activaient sur des pylônes pour rétablir lignes téléphoniques et électricité.
"On recommence de zéro", a expliqué le maire de la ville, Daviz Simango. "Notre population a beaucoup souffert. On est inquiet du volume de décombres", a-t-il ajouté, alors que les gravats s'entassent dans des rues jonchées de nids de poule.
Au Zimbabwe, où un deuil national de deux jours a été décrété, des rescapés fouillaient encore dans les décombres ce qui pouvait être sauvé.
Un téléphone a été mis en place à Chimanimani (est), épicentre des destructions. Des familles faisaient la queue pour pouvoir appeler leurs proches, tandis que des survivants continuaient à enterrer leurs morts.
Près de 200 personnes, dont 30 écoliers, sont toujours portés disparues dans le pays.
strs-bed/thm
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