La gestion, samedi, d'une nouvelle mobilisation des "gilets jaunes" aura valeur de test pour le gouvernement et l'Elysée, alors que le soutien des Français au mouvement, s'il s'érode, reste à des niveaux élevés, malgré les violences qui l'entourent.
Le 15 mars, la première phase du grand débat censé répondre à cette crise se terminait dans la satisfaction pour le gouvernement, qui se donnait un mois pour apporter des réponses concrètes.
Mais c'était sans compter un regain de violences dès le lendemain, 18e samedi de mobilisation des manifestants, marqué par d'importantes dégradations sur les Champs-Elysées. En week-end de ski dans les Pyrénées, Emmanuel Macron avait écourté son séjour.
Pour ce samedi à venir, le Premier ministre Edouard Philippe a annulé un déplacement prévu en Guyane. Sommé par la droite de rétablir l'ordre après quatre mois de manifestations, l'exécutif tente de reprendre la main avec un train de mesures comme des interdictions de manifester, notamment sur les Champs-Elysées, mais aussi la mobilisation des militaires de la force Sentinelle pour sécuriser bâtiments et "points fixes".
Cette dernière mesure a été vilipendée par les oppositions de droite comme de gauche. "Vous êtes devenus fous? Un militaire ce n'est pas un policer. Qu'est ce qu'il se passe après? Il tire?", s'est ému mercredi le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a écrit à Edouard Philippe pour l'alerter sur une "escalade mortelle".
Dans ce contexte, le limogeage du préfet de police de Paris a été perçu comme faisant office de fusible par l'opposition qui réclame la démission de Christophe Castaner, accusé de ne pas être à la hauteur et critiqué pour des photos dans une soirée festive.
L'exécutif a aussi été contraint de réagir dans l'affaire Benalla, objet d'une violente passe d'armes avec le Sénat jeudi.
"Autre chose à faire"
Dans la droite lignée d'un rapport accablant d'une commission d'enquête, le bureau du Sénat a saisi la justice du cas de Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, pour suspicion de faux témoignage, et lui a signalé les "incohérences" et "contradictions" dans les témoignages d'autres collaborateurs du chef de l'Etat, dont le secrétaire général Alexis Kohler et le général Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité de la présidence.
Si l'Elysée n'a toujours pas réagi, La République en marche est immédiatement montée au créneau par la voix de son délégué général Stanislas Guerini qui a accusé le Sénat d'"instruire un procès politique contre l'Elysée", un acte "politiquement bas et moralement très grave", a insisté le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.
Fait exceptionnel, le Premier ministre a dans la foulée boycotté la séance des questions au gouvernement. Le même jour, Edouard Philippe, au milieu d'une semaine décidément difficile, a dû faire un aller-retour express dans son ancienne ville du Havre où le maire Luc Lemonnier, un proche, a démissionné à cause d'une affaire de moeurs.
Ce nouveau coup de tonnerre dans l'affaire Benalla vient tendre à l'extrême des relations déjà compliquées entre Sénat et Elysée, sur fond de négociations entre MM. Larcher et Macron sur la révision constitutionnelle voulue par le président, régulièrement accusé de vouloir réduire les pouvoirs du parlement.
Autre échéance-clé pour la majorité, les élections européennes du 26 mai. Les choses vont s'accélérer la semaine prochaine: la liste LREM pour le scrutin doit être entérinée lundi soir et la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau intronisée à sa tête, avant un lancement de la campagne le 30 mars.
Mme Loiseau hors du gouvernement, il faudra la remplacer et ce pourrait être l'occasion d'un mini-remaniement. Son départ pourrait s'accompagner de celui du porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, qui voudrait se dédier à sa candidature pour la mairie de Paris. Reste à savoir si le timing sera jugé opportun par les deux têtes de l'exécutif.
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Samedi noir sur les Champs-Elysées: Macron à nouveau sous pression
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