Devant la montée soudaine des eaux en fin de semaine dernière, des habitants ont quitté à la hâte leur maison, emportant bidons, baluchons ou encore.... parasols, pour se protéger de la pluie. Et ils ont élu domicile dans des gradins, sur des toits ou dans des arbres.
Avec les inondations provoquées par le cyclone, les cours d'école, les terrains de basket, les rues de Buzi (centre) ont disparu, engloutis dans l'eau boueuse.
Idai a fait au moins 202 morts au Mozambique et une centaine au Zimbabwe voisin, mais les autorités mozambicaines craignent que le bilan ne dépasse les 1.000 morts dans leur pays.
Depuis les airs, la plaine de la rivière Buzi ressemble toujours mercredi à une mer intérieure. A des kilomètres à la ronde, de l'eau, de l'eau et encore de l'eau, d'où émergent la cime des arbres et les toits ou ce qu'il reste des maisons. Les récoltes, prévues en avril-mai, sont détruites.
La décrue a pourtant débuté, constate, soulagé, le pilote d'un hélicoptère, en survolant la zone.
"Il y a beaucoup moins d'eau maintenant. Elle a baissé d'au moins un mètre" à certains endroits, estime Joel Baertschi de l'organisation Mercy Air qui participe aux opérations de secours.
A Buzi "lundi, ils avaient de l'eau jusqu'au cou. La plupart des gens étaient sur des toits ou sur des arbres où ils se tenaient la main", ajoute le jeune Suisse de 29 ans.
"Mais aujourd'hui (mercredi), même si la ville est toujours inondée, on voit des gens marcher. Le niveau de l'eau est en train de baisser, ce qui va faciliter l'acheminement de l'aide", se réjouit-il.
Quelques adultes s'aventurent en effet, un sac sur la tête et de l'eau jusqu'au genou ou à mi-cuisse, pour rejoindre des maisons où les habitants ont déménagé sur des toits-terrasses.
'Situation catastrophique'
Non loin de Buzi, à Gwara-Gwara, des humanitaires s'affairent sur un terrain désormais au sec pour établir un camp de déplacés. La première tente vient juste d'être montée.
A l'approche d'un hélicoptère, une marée humaine se précipite pour la distribution de cartons contenant biscuits énergétiques et couvertures.
"La situation est catastrophique. On n'a rien à manger depuis jeudi. On dort dehors, tout est détruit, nos maisons sont détruites, on est mal. On n'a rien récupéré", témoigne Aunicia José, 24 ans.
"Ici quelques personnes sont mortes, mais on a été assez épargnés", estime Maya Sulemane, 19 ans. "C'est pas comme de l'autre côté, à Buzi, où ils sont complètement sous l'eau."
La principale ville de la région, Beira, à une quinzaine de minutes en vol d'hélicoptère, offre aussi un spectacle de désolation.
Quasiment toutes les habitations sont endommagées, ont constaté des journalistes de l'AFP en survolant l'agglomération. Des dépôts entiers ont été rasés. A l'aéroport, un bimoteur repose à la verticale, sur son nez.
A l'hôpital, le second du pays, la banque de sang a été détruite, tout comme une partie de la salle d'opération, explique la directrice Ana Tombo.
L'hôpital fonctionne à 40% seulement de ses capacités. "C'est compliqué. On n'a plus d'électricité depuis le cyclone. On a cinq générateurs, mais ce n'est pas suffisant (...) et nos réserves de carburant sont au plus bas", ajoute Ana Tombo à l'AFP.
"Hier, on a reçu 1.000 litres de la Croix-Rouge, mais tout a disparu en une journée. On a besoin de plus pour sauver des vies".
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