"J'ai écrit ce matin au président du Conseil européen Donald Tusk pour l'informer que le Royaume-Uni souhaitait une extension de l'Article 50 (du Traité de Lisbonne qui régit la sortie d'un pays de l'UE, ndlr) jusqu'au 30 juin", a déclaré Theresa May devant les députés.
Pour être effectif, ce report devra être approuvé à l'unanimité des 27 autres Etats membres de l'UE, réunis en sommet à Bruxelles jeudi et vendredi, et validé par les deux chambres du Parlement britannique, le tout avant le 29 mars, date théorique jusqu'ici de la sortie.
Dans cette attente, le scénario par défaut demeure celui d'un divorce brutal entre Londres et l'UE, sans accord entre les deux parties et donc sans période de transition, aux conséquences économiques redoutées d'un côté comme de l'autre.
La dirigeante conservatrice a également affirmé son intention de "présenter une nouvelle fois à la Chambre" le traité de retrait conclu avec Bruxelles, et ce "aussi vite que possible".
Ce traité, péniblement conclu en novembre à l'issue d'un an et demi de négociations, a déjà été massivement rejeté à deux reprises par les députés britanniques, le 15 janvier puis le 12 mars. Son adoption offrirait au Royaume-Uni une sortie ordonnée, quarante-six ans après avoir rejoint ce qui était à l'époque la Communauté économique européenne.
Elections européennes "inacceptables"
Ces derniers jours, l'incertitude grandissait à Westminster sur la durée du délai qui serait demandée par Theresa May. Un report au 30 juin permettrait au Royaume-Uni d'éviter de prendre part en mai aux élections du nouveau parlement européen, qui doit siéger à partir de juillet.
Devant les députés, Theresa May a affirmé qu'il serait "inacceptable" que le Royaume-Uni participe à ces élections, près de trois ans après le référendum qui a décidé du Brexit.
Mais l'option d'un court report limite les possibilités côté britannique : si le gouvernement est empêché de présenter une troisième fois son traité de retrait au parlement, ou si le texte est une nouvelle fois rejeté, l'hypothèse d'une sortie sans accord se posera de nouveau.
"Mais en tant que Première ministre, je ne suis pas disposée à repousser le Brexit au-delà du 30 juin", a prévenu Mme May.
La Commission européenne a averti dans une note interne consultée par l'AFP qu'un report au 30 juin, soit après la tenue des élections européennes, poserait "de graves risques juridiques et politiques".
"J'estime qu'il n'y aura pas de décision cette semaine lors du Conseil européen", avait déclaré dans la matinée le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
"Nous devrons probablement nous voir de nouveau la semaine prochaine, parce que Mme May n'a d'accord sur rien au sein de son conseil des ministres et au parlement", a-t-il ajouté.
Le Premier ministre tchèque Andrej Babis s'est lui montré plus rassurant. "Je ne peux pas imaginer quelqu'un bloquer (la requête britannique) au Conseil européen, et faire du Conseil européen le responsable d'un Brexit dur", a-t-il déclaré devant une commission parlementaire à Prague.
"Crise nationale"
Au parlement britannique, l'annonce d'une demande de report jusqu'au 30 juin a fait bondir dans les rangs de la majorité comme de l'opposition. "C'est une crise nationale", a déclaré le leader travailliste Jeremy Corbyn, blâmant "l'incompétence, les échecs et l'intransigeance de la Première ministre et de son gouvernement".
Le député conservateur Peter Bone, opposé au report, y a vu une "trahison du peuple britannique", et l'a appelée à revenir sur sa décision. "Madame la Première ministre, cela dépend entièrement de vous. L'histoire vous jugera !", l'a-t-il mise en garde.
Mille jours après le référendum du Brexit, organisé en juin 2016, les tabloïds n'avaient pas de mots assez durs mercredi pour qualifier la situation.
"Mille jours d'incompétence, de trahisons et d'humiliation nationale", tempêtait le Daily Mail dans son éditorial.
"Près de trois ans après notre vote historique au Brexit, nous sommes proches de l'humiliation mondiale", jugeait The Sun. "L'UE a presque toutes les cartes en main".
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