Jamais les lycéens ont autant été dans ce flou depuis la création du baccalauréat. Alors que les élèves de terminale sont en plein cœur de la deuxième phase de Parcoursup, les secondes commencent eux aussi à s'inquiéter pour leur avenir. Première génération test pour la réforme du bac 2021, qui verra disparaître les séries générales ES, S et L, elle devra d'ici la fin du second trimestre, faire le choix de trois spécialités parmi le panel proposé en complément d'un tronc commun. Tous les établissements d'une même Académie n'offrent pas les mêmes spécialités ni le même nombre. Par exemple, selon Inès Serrar, membre du Conseil des délégués pour la vie lycéenne au lycée Jean Rostand, "notre lycée offre une trentaine de menus, ce qui est énorme ! Un lycée comme Charles de Gaulle, à peu près équivalent au nôtre sur les filières générales n'en propose que neuf. Sauf que les dérogations sont de plus en plus rares".
Une spécialité en première qui disparaît en terminale
Enseignement scientifique, histoire-géographie, langues vivantes A et B, EPS et un enseignement de spécialité constitueront le tronc commun qui sera noté en contrôle continu (40%). Le choix de "menus" des élèves de seconde sera quant à lui noté en contrôle terminal (60%). Mais comment faire pour ces élèves qui, légitimement, n'ont pas d'idée précise de leur futur métier ? "Ce qu'on choisit en seconde ne représente par forcément qui on est en terminale", ajoute Inès. Présentée comme telle, la réforme oblige les élèves de seconde à choisir des menus dès le mois de juin 2019 pour passer leur bac deux ans plus tard avec en prime, une des spécialités choisies en première qui disparaît en terminale.
Les élèves de seconde doivent faire leurs choix de "menus" en ligne. - Léa Quinio
Un apprentissage d'un an qui ne servira à rien ? Denis Rolland, recteur de l'Académie de Caen se défend : "les filières S, ES, L étaient dans un entonnoir de reproduction insupportable. Ces menus permettent aux élèves d'avoir des parcours originaux et personnalisés. Par exemple, on peut choisir les mathématiques si on estime en avoir besoin pour ses projets d'études".
Élèves, parents, profs totalement perdus
Deux choix semblent alors se dessiner du côté des lycéens : choisir les matières où il est le plus à l'aise pour avoir un bon dossier ou choisir les matières, où il n'est pas forcément le meilleur mais estimées nécessaires pour son orientation future. Mais dans ce flou artistique, un paradoxe fait aussi surface. Si l'élève choisit une option qu'il a absolument besoin dans son projet mais qu'il n'a pas de bonnes notes, son dossier va forcément en pâtir, de même que sa sélection dans l'établissement post-bac. Louise Anthonioz, 16 ans, est totalement effarée. "Il n'y a plus que les notes qui comptent dans la société d'aujourd'hui. Cette réforme est encore pire pour quelqu'un qui ne sait pas du tout ce qu'il veut faire plus tard comme moi. Je suis paumée. Je ne sais pas ce que va devenir mon avenir". Son camarade Julien, lui aussi en seconde, est radical. "Personnellement je délaisse les matières scientifiques. J'essaie d'apprendre mais si j'ai des mauvaises notes, tant pis. Je préfère cartonner dans les matières ou je suis à l'aise".
Le Centre d'Information et d'Orientation de Caen centre ville n'a accueilli que 158 élèves de seconde, visites et prise de rendez-vous confondus, depuis septembre 2018. - Léa Quinio
Quid des Centres d'Information et d'Orientation pour aider les élèves ? À Caen, dans l'un des douze centres de Normandie, seuls 58 élèves de seconde (générale, technologique et professionnelle) se sont rendus au C.I.O de Caen depuis septembre 2018. Les prises de rendez-vous atteignent quant à elles la barre des cent depuis septembre. Encore trop peu au vu du nombre d'élèves de seconde présents sur le bassin caennais. "Les psychologues spécialisés dans le conseil en orientation se rendent aussi dans les établissements scolaires chaque semaine pour accompagner les élèves dans la réflexion de leur projet", indique Nathalie Durantou. Les professeurs, de leur côté, semblent également désabusés pour le moment. "Ils ne connaissent même pas les tenants et aboutissants de leurs futurs programmes", insiste Louise Anthonioz.
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