Devant le Parlement réuni en session spéciale, Jacinda Ardern a également déclaré que le suprémaciste blanc auteur du carnage de Christchurch, dans l'île du Sud, tomberait sous le coup de la loi la plus stricte.
Cinquante fidèles ont été tués vendredi à l'heure de la prière par un extrémiste australien qui a diffusé en direct les images de son attaque sur les réseaux sociaux et publié au préalable un "manifeste" raciste.
"Par cet acte terroriste, il recherchait beaucoup de choses, mais l'une d'elles était la notoriété", a dit Mme Ardern aux parlementaires rassemblés à Wellington, la capitale.
"C'est pourquoi vous ne m'entendrez jamais prononcer son nom. C'est un terroriste. C'est un criminel. C'est un extrémiste. Mais quand je parlerai, il sera sans nom".
"Je vous implore: prononcez les noms de ceux qui ne sont plus plutôt que celui de l'homme qui les a emportés".
Ce discours empreint d'émotion était aussi porteur d'un message tout différent à l'adresse de la communauté musulmane. Vêtue de noir, l'air solennel, la cheffe du gouvernement âgée de 38 ans a ouvert la séance par l'expression de bienvenue "salam aleikum" ("la paix soit avec toi") qu'on entend partout dans le monde islamique.
Processus très lent
"Vendredi, une semaine se sera écoulée depuis l'attaque. Les membres de la communauté musulmane se rassembleront pour la prière ce jour là. Reconnaissons alors leur douleur".
Elle a prononcé ce discours au moment où des dizaines de familles de victimes étaient attendues du monde entier à Christchurch en vue des obsèques.
Mais la lenteur du processus d'identification et les nécessités des investigations médico-légales ont pour l'instant empêché les inhumations, aggravant la douleur des proches des victimes.
La coutume musulmane prévoit en effet que l'inhumation du corps soit menée dans les 24 heures suivant le décès.
Javed Dadabhai, venu d'Auckland pour enterrer son cousin, a expliqué que les proches avaient été avertis par les autorités que "le processus serait très lent, très exhaustif".
"Certaines familles ont été invitées à aller voir les leurs (...) ceux qui sont les plus faciles à reconnaître. Mais nous parlons de trois ou quatre familles", a-t-il dit à l'AFP. "La majorité des gens n'ont toujours pas eu l'occasion de voir leurs proches".
Selon une liste qui circule parmi les familles, les victimes étaient âgées de trois à 77 ans. Plusieurs étaient natives de la région mais d'autres étaient originaires de pays aussi lointains que l'Egypte ou la Jordanie.
Restitution des armes
Dans la foulée du carnage, Mme Ardern avait annoncé un durcissement de la législation sur les armes qui a permis au tueur d'acheter l'arsenal ayant servi à l'attaque, y compris des armes semi-automatiques.
Les Néo-Zélandais commencent déjà à répondre aux appels du gouvernement leur demandant de rendre leurs armes, parmi lesquels John Hart, agriculteur du district de Masterton, dans l'île du Nord.
Il a expliqué que cela avait facile pour lui de décider de donner aux autorités son arme semi-automatique, ajoutant sur Twitter: "C'est un outil utile dans la ferme dans certaines circonstances mais mon confort ne l'emporte pas sur les risques. Nous n'avons pas besoin d'elles dans notre pays".
Ce tweet lui a attiré une salve de messages hostiles, adressés à son compte Facebook, la plupart venant apparemment des Etats-Unis où le lobby des armes est puissant et se fait entendre avec force.
Il a effacé ces messages non sans lancer sur internet: "un +kia ora+ (bonjour en maori) chaleureux à tous mes nouveaux amis américains".
La police a expliqué ne pas avoir de données sur le nombre d'armes rendues depuis vendredi. Mme Ardern avait déclaré que les mesures précises sur les restrictions seraient annoncées dans les prochaines jours mais laissé entendre qu'elles pourraient comprendre le rachat d'armes et l'interdiction de certains fusils semi-automatiques.
L'extrémiste Brenton Tarrant, 28 ans, a été inculpé pour l'heure d'un chef de meurtre mais la justice n'en restera pas là, a promis la Première ministre. "Il fera face à la loi dans toute sa rigueur", a-t-elle lancé.
Elle a également répété qu'une enquête serait ouverte afin de déterminer comment l'Australien avait pu planifier et mener ses attaques en Nouvelle-Zélande au nez et à la barbe des services de sécurité.
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