La publication officielle de ces lois, votées début mars par les députés, intervient malgré les protestations des défenseurs des droits de l'Homme qui y voient des risques de censure et de menaces sur la liberté d'expression.
La première loi punit les "fausses informations socialement significatives et diffusées comme de vraies informations" qui créent une "menace pour la sécurité" du public ou de l'Etat ou peuvent "mener à des troubles massifs".
Ce sera aux procureurs de déterminer ce qui constitue une "fausse information" et de donner au gendarme russe des médias, Roskomnadzor, le pouvoir d'exiger sa suppression sous peine de blocage. La loi prévoit aussi une amende pouvant s'élever à 1,5 million de roubles (20.500 euros).
La seconde loi punit les "offenses aux symboles de l'Etat" et permet à Roskomnadzor de bloquer les contenus faisant preuve d'"irrespect" envers les autorités. En plus d'amendes, la loi prévoit jusqu'à 15 jours de prison pour les récidivistes.
Pour les défenseurs des droits de l'Homme, ces deux lois sont une nouvelle étape dans la répression contre les voix critiques et les médias en Russie.
"Ces nouvelles interdictions et sanctions ne sont pas seulement la suite des mesures législatives répressives qui ont commencé en 2012", après les manifestations contre le retour de Vladimir Poutine à la présidence, a déclaré à l'AFP Iouri Djibladze, le président du Centre pour le développement de la démocratie et des droits de l'Homme
"C'est un niveau complètement nouveau qui reprend presque litérallement les lois de l'époque soviétique", a-t-il poursuivi.
"A partir de maintenant, ce sera la police qui décidera de ce qui est une fausse nouvelle et ce qui ne l'est pas", dénonce pour sa part Alexandre Tcherkassov, responsable de l'organisation Memorial. "Cela va mener à des violations des libertés et des droits civiques", a-t-il ajouté.
- "Haïr en silence" -
Le président du Conseil consultatif pour les droits de l'homme auprès du Kremlin, Mikhaïl Fedotov, a déclaré à l'AFP que son groupe avait demandé sans succès au président russe de ne pas promulguer cette loi.
Même des médias généralement conciliant avec le président russe ont critiqué la loi. "Les autorités veulent que les gens haïssent en silence", a ainsi expliqué la semaine dernière le quotidien populaire Moskovski Komsomolets, estimant que "le désir des autorités de bailloner leurs sujets" était "dénué de sens".
La promulgation de ces deux lois intervient le jour où la Russie célèbre le cinquième anniversaire de l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée, condamnée par la communauté internationale.
Les autorités n'ont cessé ces dernières années de renforcer leur pression sur l'internet russe, bloquant des contenus et des sites internet liés à l'opposition, mais aussi des services qui refusaient de coopérer tels que la plateforme vidéo Dailymotion, le réseau social LinkedIn et la messagerie cryptée Telegram.
Les députés russes étudient par ailleurs un projet de loi prévoyant la création d'un "internet souverain" capable de fonctionner de manière indépendante.
Les détracteurs de ce projet disent redouter un internet "à la chinoise", sous le contrôle des autorités.
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