Une réunion autour du Premier ministre Edouard Philippe était prévue dimanche à 17H30 sur les "décisions fortes" promises la veille par Emmanuel Macron : une réponse au saccage d'une partie des Champs-Elysées, vitrine de la France à l'étranger, lors de l'acte 18 des "gilets jaunes" qui avait été annoncé comme un "ultimatum" lancé au président.
Dimanche matin, l'avenue très touristique portait encore les stigmates des attaques de la veille : 80 enseignes ont été touchées, dont une vingtaine pillées ou victimes de départs d'incendie, a précisé à l'AFP une association de commerçants qui demande à être reçue par le Premier ministre.
Comme la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo qui demande "des explications" et des mesures "pour sortir de ce cauchemar", dans un entretien au Parisien dimanche.
Dimanche, le parquet de Paris faisait état de 200 personnes placées en garde à vue, dont 15 mineurs.
Avec les images du Fouquet's et de commerces en feu, qui tranchaient avec celles des défilés globalement très calmes de dizaines de milliers de manifestants "gilets jaunes" ou pour le climat dans la capitale et le reste du pays, Paris a renoué avec les épisodes les plus violents de la mobilisation du début décembre.
"Tous ceux qui étaient là se sont rendus complices", a accusé Emmanuel Macron qui a dû écourté son week-end de ski dans les Pyrénées.
Après quatre mois de mobilisation, l'acte 18 des "gilets jaunes" coïncidait avec la fin de la première phase du grand débat national pour lequel le président n'a pas hésité à mouiller la chemise, enchaînant les débats-marathons avec des élus et des citoyens.
Une "réussite" pour le gouvernement, avec plus de 10.300 réunions locales et de 1,4 million de contributions sur le site dédié.
Mais s'ouvre désormais la phase de la restitution et de la synthèse. L'exécutif s'est donné jusqu'à la mi-avril pour décider ce qu'il compte faire des très nombreuses propositions qui ont émergé. Un "atterrissage" qui risque d'apporter son lot de déceptions, de l'aveu même du Premier ministre Edouard Philippe, d'après des propos rapportés.
Sept Français sur dix pensent que le grand débat ne permettra pas de sortir de la crise que traverse le pays, selon un sondage récent.
"Je ne voudrais pas que le gouvernement utilise la question sécuritaire pour esquiver, escamoter, un autre débat, qui est le débat social", a mis en garde dimanche sur CNews le Premier secrétaire du PS Olivier Faure.
"Impuissance"
Le regain de violence samedi à Paris remet la pression sur l'exécutif qui avait pu se satisfaire d'un déclin de la mobilisation des "gilets jaunes" ces dernières semaines, mais aussi d'un inversement de tendance dans l'opinion publique, à présent majoritairement en faveur d'un arrêt du mouvement.
Samedi, au total 32.300 personnes se sont mobilisées dans toute la France selon l'Intérieur, 230.766 selon le décompte des "gilets jaunes" posté sur Facebook. Beauvau avait dénombré 28.600 personnes la semaine précédente, la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement le 17 novembre qui avait alors enregistré un "pic" de 282.000 manifestants.
L'exécutif doit aussi faire face à un nouveau feu nourri de critiques face à sa gestion de la crise, les oppositions fustigeant son "incompétence", son "irresponsabilité" et son "impuissance".
Les images d'Emmanuel Macron sur les pistes de La Mongie vendredi étaient moquées par l'opposition et sur les réseaux sociaux. "Une fausse polémique" a rétorqué le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.
"Paris est en feu et Macron sous les caméras au ski !", "il est écœurant d'inconscience et d'irrespect envers les Français !", a tweeté dimanche l'eurodéputée LR Nadine Morano, tandis que Florian Philippot, président des Patriotes, fustigeait sur CNews "des photos indécentes", alors que le président "savait très bien que ce week-end serait chaud".
La droite reproche en particulier à M. Macron de s'être privé d'une application rapide de la loi anticasseurs, votée cette semaine au Parlement, par sa saisine du Conseil constitutionnel.
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner est lui aussi pointé du doigt, après la diffusion d'images le montrant dans une discothèque parisienne, au soir de la 17e journée de mobilisation des "gilets jaunes".
"Il y a un gouvernement qui aujourd'hui à l'évidence ne fait pas son travail", a jugé M. Faure, ironisant sur les annonces "entre deux verres" du ministre.
Certains groupes de "gilets jaunes" ont déjà appelé dimanche à un acte 19 du mouvement social.
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Après l'acte VI des "gilets jaunes", le gouvernement se montre ferme
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