Face à "la triste alternative entre l'illusion macroniste, technocrate, et l'aventurisme des extrêmes", Jean Leonetti, numéro deux du parti, a plaidé pour une "troisième voie", permettant d'éviter un face à face entre La République en marche et le Rassemblement national de Marine Le Pen.
Désormais crédité de 13% d'intentions de vote dans les dernières études d'opinion, LR est toujours largement distancé par ces deux formations concurrentes mais conforte sa troisième place à bientôt deux mois du scrutin européen.
Or, quinze jours après le départ de Jean-Pierre Raffarin et malgré les absences remarquées de Valérie Pécresse, Bruno Retailleau ou Eric Woerth - Gérard Larcher s'est fendu d'un seul message vidéo -, il s'agissait samedi d'afficher l'unité du mouvement.
La présence d'Hervé Morin, président du parti Les Centristes, entendait précisément l'incarner.
Le président de la région Normandie est parvenu à un accord avec Laurent Wauquiez, en plaçant deux de ses fidèles sur la liste LR: Nathalie Colin-Oesterlé (en sixième position), une conseillère départementale de Moselle, et Anne Brissaud (en dix-huitième position), une conseillère municipale de Montpellier, permettant à la liste LR de se revendiquer désormais "de la droite et du centre".
Les 30 premiers noms ont d'ailleurs été votés sans difficulté par les cadres du parti, une manière également d'adouber la tête de liste, François-Xavier Bellamy. Annie Genevard, secrétaire générale de LR, a vanté "la clarté lumineuse de l'expression, l'image du renouveau de notre famille politique".
"Danger" du multiculturalisme
A la tribune, François-Xavier Bellamy, intarissable sur "les valeurs" et "la civilisation", s'est voulu formel: "Nous avons besoin de changer l'Europe pour pouvoir écrire notre histoire".
La formule n'est pas sans ambigüité: le président du Parti populaire européen (PPE, auquel appartient LR), le Français Joseph Daul, a eu beau jeu de rappeler samedi que "c'est le PPE qui a bâti l'Europe et ses succès", et ce même PPE qui domine le Parlement européen depuis sa création en 1979.
"Mais nous savons aussi que l'Europe que nous voulons, elle ne ressemble pas à ce qu'elle est parfois devenue au cours des dernières années, sous l'effet de certains abandons, de certains échecs", a lancé M. Bellamy, selon qui "tous les jours, nous entendons la même chose: l'Europe nous déçoit, l'Europe nous manque, l'Europe nous fait défaut".
Ce n'est toutefois pas la tête de liste, mais Laurent Wauquiez qui a décliné, devant les 1.500 participants, les quelque 75 propositions du parti, très largement dominées par les questions d'immigration, de civilisation et de lutte contre le terrorisme.
"Je pense à l'Europe, à son mode de vie, à sa civilisation. Nous voyons la Chine et les États-Unis s'affirmer ; nous voyons la montée de l'islamisme ; nous voyons les défis du climat, de la mondialisation, du digital. Et nous nous disons : est-ce que demain l'Europe pèsera encore ?" a poursuivi le patron des Républicains, en demandant que "la tradition gréco-latine, les racines judéo-chrétiennes et la pensée des Lumières" soient inscrites dans les textes communautaires.
Car, pour le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, "le multiculturalisme est un danger pour la civilisation européenne", laquelle doit, selon lui, "arrêter de sous-estimer la menace islamiste".
Le président des Républicains a encore appelé à "arrêter les migrants illégaux avant qu'ils ne rentrent en Europe", avec un "retour systématique des bateaux de passeurs sur les côtes africaines".
"Emmanuel Macron, Marine Le Pen, pour ou contre l'Europe, c'est la même alternative stérile, les deux mêmes impasses", a-t-il également estimé.
Affirmant sentir que "quelque chose est en train de se passer", Laurent Wauquiez a assuré que les Républicains étaient en mesure de "déjouer tous les pronostics".
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