En première ligne dans le cadre du grand débat, les maires échapperont-ils au "dégagisme" qui a marqué l'élection présidentielle et les législatives de 2017 ? Etat des lieux à 12 mois d'un vote qui reste l'un des plus prisés des Français.
500.000 élus pour 35.000 communes
Paris, Lyon, Marseille, Nice... la bagarre pour les grandes villes focalise déjà l'attention. Mais les municipales, ce sont au total quelque 500.000 conseillers municipaux à élire au printemps 2020 dans les quelque 35.000 communes de France.
Premier scrutin local depuis le début du quinquennat, elles se tiendront dans un cadre politique renouvelé. "La première chose, c'est la fin de la bipolarisation gauche-droite et un scrutin où les forces vont sans doute être extrêmement émiéttées", analyse Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.
Avec un seuil de 10% des suffrages exprimés pour pouvoir se maintenir au second tour, la situation peut, selon lui, favoriser les maires sortants qui seront "une sorte de repère" dans un champ politique dispersé, où le duel habituel entre deux listes au second tour pourrait à terme devenir l'exception.
Autre interrogation : qu'en sera-t-il d'un éventuel vote sanction de la politique d'Emmanuel Macron dans un contexte de crise sociale ? En 2014, les électeurs avaient lourdement sanctionné la gauche, mais contrairement au PS de l'époque La République en Marche compte très peu d'élus sortants.
S'implanter localement
Pour LREM, le défi sera justement de parvenir à s'enraciner dans les exécutifs locaux. Le succès du parti présidentiel s'appréciera surtout au nombre de conseillers et d'adjoints qu'il aura réussi à faire élire. Et les macronistes s'activent en vue d'alliances à droite comme à gauche, en fonction des situations locales.
Les Républicains tenteront quant à eux de préserver les gains de la "vague bleue" de 2014, qui avait permis à la droite de contrôler une majorité des villes. Scrutin crucial également pour le Parti socialiste qui tentera de sauvegarder ce qui reste de son assise locale. Idem pour le PCF, dont la base locale rétrécit à chaque élection.
Absente en 2014, La France Insoumise travaillera également son implantation. Le Rassemblement national, à la tête d'une dizaine de villes de plus de 9.000 habitants depuis 2014, tentera quant à lui de consolider ses positions et vise Perpignan où Louis Aliot sera à nouveau candidat.
Le scrutin sera aussi l'occasion pour d'éventuels candidats estampillés "gilets jaunes" de tenter de s'insérer dans le jeu électoral.
Nouvelle génération
Conséquence de la recomposition politique, les étiquettes nationales devraient moins peser sur le choix des électeurs. "Dans nos enquêtes, on voit que l'étiquette politique s'est effondrée comme critère de choix déterminant au profit de la personnalité du candidat et du projet", souligne Frédéric Dabi.
A défaut de "dégagisme", les municipales marqueront un changement de générations dans plusieurs grandes villes, comme Marseille, Bordeaux ou encore Strasbourg. Mais des membres du gouvernement -Mounir Mahjoubi, Benjamin Grivaux (LREM) à Paris- ou des députés -Eric Ciotti (LR) à Nice, Cédric Villani (LREM) à Paris- ne demandent qu'à prendre la relève.
Paris, où LREM et la droite tenteront de renverser la maire socialiste sortante Anne Hidalgo, sera l'un des grand enjeux du scrutin et une victoire majeure pour celui qui parviendra à s'imposer.
Peu de marges de manoeuvre
En froid avec l'exécutif depuis le début du quinquennat, les maires ont exprimé leurs inquiétudes durant le grand débat : manque de moyens, difficultés à assumer un mandat de plus en plus exigeant, l'impression d'être dépossédés de leur capacité d'action au profit d'intercommunalités trop étendues...
"La restriction des moyens financiers fait peser une grande incertitude sur les marges de manoeuvres des élus dans les années qui viennent" et alimente le malaise, déplore Philippe Laurent, secrétaire général de l'Association des maires de France (AMF).
Selon une récente enquête de l'Ifop, la moitié (49%) des maires sortants n'a pas l'intention de se représenter en 2020, pour seulement 42% qui envisagent de briguer un nouveau mandat. Avec également le risque qu'il n'y ait pas assez de candidats pour être conseillers municipaux dans certaines petites communes.
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