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Zuzana Caputova, 45 ans, a elle-même participé à des manifestations de rue après l'assassinat du journaliste Jan Kuciak l'an dernier, crime qui a provoqué une crise politique dans ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'Otan.
Les sondages donnent à cette cheffe adjointe du parti Slovaquie progressiste, non représenté au Parlement, une avance à deux chiffres sur Maros Sefcovic, 52 ans, vice-président de la Commission européenne soutenu par le parti au pouvoir Smer-SD.
Appuyée par le président sortant Andrej Kiska, Mme Caputova appelle à "lutter contre le mal" et veut rétablir la confiance dans l'Etat. Elle pourrait bénéficier d'un coup de pouce de dernière minute, après l'annonce jeudi de l'inculpation d'un homme d'affaires, soupçonné d'avoir des liens avec le Smer-SD, pour avoir ordonné l'assassinat du journaliste.
Cependant, les électeurs pourraient aussi interpréter cette inculpation comme un signe du bon fonctionnement du gouvernement.
"Caputova attire ceux qui ont horreur de la corruption et qui sont mécontents de ce qu'ils considèrent comme un gouvernement qui pense plus à lui-même qu'aux intérêts des citoyens", a déclaré à l'AFP Kevin Deegan-Krause, expert de l'Europe centrale à la Wayne State University à Détroit.
"Sefcovic lance un appel à ceux qui sont satisfaits du progrès d'un pays qui, selon de nombreux indices, s'est porté pas mal du tout au cours de la dernière décennie", a-t-il ajouté.
Onze autres candidats participent à cette élection, mais personne ne semble en mesure de l'emporter au premier tour. Le deuxième est prévu le 30 mars.
- Multi-millionaire inculpé -
Jeudi, à deux jours du scrutin, le parquet a relancé l'affaire Kuciak en inculpant l'homme d'affaires Marian Kocner, accusé d'avoir ordonné le meurtre du journaliste.
Avant sa mort, Jan Kuciak s'apprêtait à rendre public un rapport sur les liens présumés entre des hommes politiques slovaques et la mafia italienne ainsi que sur des fraudes autour des fonds européens. Dans ses articles, il a parlé entre autres de Marian Kocner, propriétaire de plusieurs sociétés immobilières.
La vague d'indignation qui a déferlé sur le pays a provoqué la démission du Premier ministre Robert Fico qui reste cependant chef du parti Smer-SD (populiste de gauche) au pouvoir et proche allié de l'actuel Premier ministre Peter Pellegrini.
L'an dernier, quatre personnes ont été inculpées pour ce meurtre.
"Avec cette annonce, les autorités ont peut-être voulu montrer à quel point l'Etat fonctionnait efficacement, afin d'aider Sefcovic à gagner des points", estime Grigorij Meseznikov, analyste basé à Bratislava.
Mais "cela pourrait aussi être considéré comme une légitimation de Mme Caputova qui symbolise le changement", a-t-il ajouté.
- Treize candidats -
"Je pense que la Slovaquie est prête à avoir sa première femme présidente", a déclaré à l'AFP Maria Pavlova, une retraitée de 67 ans de Nove Zamky (sud).
Pour Milan Perunko, 56 ans, de Bratislava, la candidate libérale n'est pas à la hauteur, contrairement à son principal rival, Maros Sefcovic, "un diplomate polyglotte expérimenté qui peut immédiatement représenter la Slovaquie dans le monde".
Membre de la Commission européenne depuis 2009, M. Sefcovic en est un vice-président depuis 2014, mais selon les experts, il a peu d'expérience dans les affaires intérieures slovaques.
Bien qu'indépendant, M. Sefcovic bénéficie du soutien du Smer-SD, ce qui risque de le disqualifier aux yeux de certains électeurs.
"Je ne voterais pas pour quelqu'un qui soutient Fico ou qui est soutenu par le Smer", déclare Maria, une étudiante en biologie originaire de Piestany (ouest).
Le président slovaque ne gouverne pas, mais il ratifie les traités internationaux et nomme les plus hauts magistrats. Il est aussi le commandant en chef des forces armées et dispose du droit de veto.
Parmi les treize candidats figurent également le juge de la Cour suprême Stefan Harabin, le député d'extrême droite Marian Kotleba ou un vétéran politique représentant la minorité hongroise, Bela Bugar.
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