Ces enfants, dont trois frères de cinq, trois et un an, sont les premiers à être rapatriés seuls de Syrie. Trois enfants ont déjà été ramenés d'Irak avec l'accord de leur mère française, Mélina Boughedir, condamnée en juin 2018 à Bagdad à la perpétuité pour avoir rejoint l'EI.
Les grands-parents de la fratrie, Patrice et Lydie Maninchedda, avaient imploré en février le président Emmanuel Macron d'avoir "l'humanité" de les rapatrier d'urgence. Leur fille, Julie Maninchedda, 26 ans, avait été tuée six mois aupravant avec son second mari, un Marocain du groupe Etat islamique, et son quatrième enfant.
L'AFP avait rencontré ces enfants le mois dernier, dans le froid et la boue du camp de déplacés d'Al-Hol. Le plus jeune avait le visage strié de cicatrices dûes à un bombardement.
"Nous sommes heureux de savoir que nos petits-enfants sont désormais entre les mains de professionnels de la petite enfance", ont déclaré les grands-parents qui vivent dans le Nord, se disant "impatients" de pouvoir "les serrer dans (leurs) bras".
Les cinq enfants "font l'objet d'un suivi médical et psychologique particulier et ont été remis aux autorités judiciaires", a annoncé le ministère des Affaires étrangères. Quatre sont "à peu près en forme" mais le cinquième, "blessé", est dans "un mauvais état de santé", a-t-on indiqué de source diplomatique.
Le département des Yvelines (région parisienne) a indiqué avoir accueilli plusieurs de ces enfants.
Marie Dosé, avocate de la famille d'une des enfants rapatriés, âgée de 5 ans, s'est dit "partagée entre l'immense soulagement de voir cette petite fille revenir ici et la terrible angoisse de savoir tous ces enfants encore sur place".
En Syrie, les cinq enfants étaient dans des familles d'accueil ou des camps, tous orphelins au moins de mère même si l'incertitude subsiste sur le sort de certains pères, selon une source diplomatique. Ils sont rentrés à bord d'un avion de l'armée de l'air française.
Alors que des familles militent en France pour le retour de ces enfants, soulignant qu'ils sont victimes d'une situation qu'ils n'ont pas choisie, les autorités françaises tardaient jusqu'à présent à organiser des rapatriements.
Mercredi, Emmanuel Macron a ainsi évoqué depuis Nairobi "une approche humanitaire", "au cas par cas (...) menée, en particulier en lien avec la Croix-Rouge internationale".
Des propos qui ont suscité des réactions indignées au sein du Collectif familles unies, qui regroupe 70 familles françaises dont des proches ont rejoint un territoire tenu par le groupe État Islamique.
"geste a minima"
En France, pays occidental le plus touché par les attentats perpétrés au nom de l'EI, le sujet est sensible. Selon un sondage publié fin février, 89% des Français se disent "inquiets" d'un éventuel retour des jihadistes adultes, et 67% se disent favorables à laisser la Syrie et l'Irak prendre en charge les enfants.
Les initiatives se sont récemment multipliées en faveur des enfants de jihadistes, dont nul ne connaît avec certitude le nombre. Ils seraient plus de 3.500 originaires d'une trentaine de pays dans les camps de déplacés, selon l'ONG Save The Children. Fin février, au moins 80 enfants français se trouvaient aux mains des forces arabo-kurdes, selon des estimations de sources françaises non confirmées par les autorités.
Après une plainte de familles contre la France déposée en février auprès du comité des droits de l'enfant de l'ONU, deux avocats, Marie Dosé et Henri Leclerc, ont lancé en début de semaine une pétition pour leur rapatriement.
Parallèlement, deux familles ont saisi la justice administrative pour qu'elle contraigne l'État à rapatrier des enfants "en péril".
Néanmoins, le secrétaire d'État à l'Intérieur Laurent Nunez affirmait mercredi encore que le retour des enfants n'était pas "pour l'instant envisagé".
D'autres enfants pourraient "être ramenés au cas par cas", mais "en aucun cas on n'envisage de ramener la mère et l'enfant", selon la source diplomatique.
Car Paris reste inflexible au sujet des adultes: "Ils doivent être jugés sur le territoire où ils ont commis leurs crimes", a souligné le ministère, invoquant "une question de justice et de sécurité à la fois".
Ce rapatriement est "un geste humanitaire a minima" qui permet de "contourner la problématique du retour des mères", ont regretté auprès de l'AFP William Bourdon et Vincent Brengarth, avocats de Françaises retenues en Syrie.
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